Cheval Magazine n°427 rubrique Comportement – juin 2007
Deux grandes oreilles capables de bouger de façon indépendante confèrent au cheval un très bon sens auditif. Pour scruter son environnement comme pour communiquer avec l’homme ou ses congénères, c’est un sens primordial.
Pas besoin de chuchoter ou de murmurer à l’oreille d’un cheval pour constater qu’il a une très bonne ouïe ! C’est d’ailleurs le premier sens auquel il fait appel lorsqu’il s’agit d’être vigilant. Si l’homme privilégie ses yeux pour s’informer de son environnement, le cheval préfère quant à lui ses oreilles. Quel cavalier n’a pas constaté que sa monture réagissait plus facilement au bruit du froissement d’un sac plastique, synonyme de pain ou de fruits, plutôt qu’à la vue de celui-ci ? Ne vous est-il jamais arrivé d’entendre les chevaux d’une même écurie hennir lorsqu’un d’entre eux quitte les lieux ? Aucun doute donc, pour capter l’attention d’un cheval, un son bien choisi fera toujours mouche !
Un audiogramme particulier
Grâce à un couple de chercheurs américains, Henry et Rickye Heffner de l’Université de Toledo (Ohio), on dispose aujourd’hui d’études très poussées de l’audition chez le cheval. On sait ainsi qu’il perçoit des sons plus aigus qu’un être humain mais entend moins bien les basses fréquences (voir audiogramme). En effet, le cheval perçoit des sons allant de 55 Hz jusqu’à 33 500 Hz alors que l’homme entend de 20 Hz jusqu’à 20 000 Hz. Par ailleurs, ces scientifiques ont constaté que les sons les mieux perçus par l’oreille du cheval sont autour de 4 000 Hz, tout comme l’oreille humaine. Or cette fréquence sonore correspond à celle des hennissements et vocalisations diverses émises par un équidé mais aussi à celle de la voix humaine. Cela signifie donc que le cheval la perçoit très bien. Par contre, n’en déplaise aux partisans de l’équitation éthologique, murmures et chuchotements semblent bien vains ! En effet, si l’oreille humaine est capable de percevoir une voix d’homme à un très faible volume, 4 décibels à peine, il faut monter un peu plus le son pour que le cheval l’entende à son tour : 18 décibels au moins sont nécessaires ! Pour autant, si l’on se réfère à un autre animal qui fréquente bien souvent les écuries, le cheval est plus sensible à la voix humaine que le chien. Bien souvent, lorsqu’il s’agit de dresser un chien, les personnes qui ont une voix très grave préfèrent utiliser les sifflements, à la manière des bergers, c’est en effet beaucoup plus efficace. Pour le cheval, qui perçoit assez bien la voix humaine et semble capable de discriminer certains mots, il semble que siffler ou faire des appels de langue n’aient pas grand intérêt d’un point de vue auditif…/…