Fondation Hippolia – newsletter #4 – décembre 2014 /
La cyathostomose larvaire est une maladie liée à l’infestation par un parasite intestinal. Chez les jeunes chevaux, elle est le plus souvent mortelle, même en cas de prise de charge adaptée. Mieux comprendre les conditions dans lesquelles elle se développe permet de mettre en œuvre des mesures de prévention efficaces.
Dr Claire Laugier – Directrice du laboratoire de pathologie équine – ANSES Dozulé
C’est à la demande de la commission « maladies infectieuses » de l’Association Vétérinaire Équine Française (AVEF) que Claire Laugier et son équipe Hippolia du Laboratoire de Pathologie Équine1 se sont intéressées à la cyathostomose larvaire. Cette maladie est l’une des principales causes de diarrhées mortelles chez les jeunes chevaux. « Il existe plusieurs études de cas cliniques publiées principalement par des équipes britanniques, mais très peu de publications françaises et encore moins sur un nombre très importants de chevaux », précise Claire Laugier. De fait, ce travail est basé sur l’autopsie de plus de 3350 chevaux, ce qui est unique en son genre.
Cycle saisonnier et immunité
L’infestation par les cyathostomes, appelés couramment petits strongles, est très fréquente : elle concernerait 80 à 90 % des chevaux. Chez la très grande majorité d’entre eux, elle ne cause aucun problème. Le pouvoir pathogène des larves résulte principalement d’une adaptation de leur cycle de vie aux conditions climatiques. En effet, dans nos contrées tempérées, les larves infestantes ingérées par les chevaux en automne entrent en quelque sorte en hibernation, afin de ne pas devenir des adultes pendant l’hiver : ainsi, il n’y a aucun œuf pondu et excrété durant la période hivernale, particulièrement défavorable à la survie dans le milieu extérieur. Les larves infestantes ingérées en automne et en hiver arrêtent donc leur développement dans la paroi du gros intestin, principalement dans le cæcum2 et s’y accumulent. À ce moment-là, elles peuvent provoquer une réaction inflammatoire qui, selon son intensité, peut être à l’origine d’un amaigrissement sévère.
Au printemps, lorsque ces larves sortent de leur dormance (appelée scientifiquement hypobiose), « elles émergent de la paroi intestinale et provoquent des dégâts très importants, détruisant tous les tissus qu’elles rencontrent, notamment des vaisseaux sanguins et lymphatiques ». Conséquences : diarrhées abondantes chronique et parfois œdèmes déclives (membres engorgés, œdème sous le ventre).