Cheval Magazine n°396 rubrique Protection – novembre 2004
Des messagers perses du roi Cyrus jusqu’aux cavaliers du Pony Express, tous les systèmes de postes à cheval ont fonctionné sur une organisation comparable. Cette organisation, qui définit les distances couvertes par chaque cheval et chaque cavalier, correspond à une utilisation optimale du cheval, en accord avec ce que nous savons maintenant de son métabolisme.
Pendant plus de 2000 ans, l’homme a mis en place des systèmes de messageries, ou postes à relais, fondés sur l’utilisation du cheval. Ces postes équines ont d’abord servi à transporter des messages officiels émanant de rois ou de chefs militaires, car en temps de guerre, la vitesse de transmission des informations est cruciale pour la bonne coordination des opérations. C’est le cas de la plus vieille poste à relais connue de nos jours, celle du roi Cyrus qui régnait sur la Perse en 540 av. JC. C’est aussi ce qui a permis aux Monghols d’assurer la grandeur de leur empire au XIIIe siècle. Puis, au XIVe siècle en Italie, ces postes à cheval sont devenues accessibles au public qui pouvait alors faire prendre en charge sa correspondance privée ou ses échanges commerciaux. Le Pony Express a ainsi été au cœur de la conquête de l’Ouest américain. En 1860, cette célèbre poste équine reliait les villes de St Joseph dans le Missouri à Sacramento en Californie.
Une organisation similaire
Ces postes, qui ont existé dans des temps et des civilisations extrêmement variées, ont un point commun : leur organisation. En effet, comme le montre l’anthropologue français Didier Gazagnadou1, la distance entre deux relais, c’est-à-dire la distance parcourue par chaque cheval, est d’environ 20 à 25 kilomètres, la distance couverte par un même cavalier est autour de 4 à 6 relais et la vitesse moyenne d’acheminement du courrier est de 16 Km/h, que l’on soit en Iran, en Chine ou en Italie (voir tableau). Une constance qui n’a pas manqué d’interpeller les scientifiques. Ainsi, Alberto Minetti chercheur à la Metropolitan University Manchester (Grande-Bretagne) s’est penché sur ce mystère et a révélé ses découvertes dans la célèbre revue scientifique britannique « Nature » l’an dernier2. D’après lui, la combinaison des distances parcourues et de la vitesse adoptée est le reflet d’une utilisation optimale du cheval. Cette combinaison peut d’ailleurs facilement s’expliquer par le métabolisme même du cheval.
De vieux textes chinois et perses montrent que ces peuples avaient une bonne connaissance du cheval et de son comportement. Les Mongols, peuple cavalier par excellence, devaient eux aussi bien connaître leurs montures et leurs limites dans l’effort. L’historien grec Xénophon relate qu’avant la construction de la route royale perse, le roi Cyrus réalisa des expériences pour déterminer quelle distance maximale peut parcourir un cheval en une journée à une vitesse élevée, sans aller jusqu’à la rupture. Après quoi, il détermina la distance entre deux relais. Tout indique donc qu’une connaissance empirique de la physiologie du cheval a permis la mise en place des postes à relais efficaces…/…