Reproduction : quand la science s’en mêle

Cheval Magazine n°396 Dossier – novembre 2004

Trente ans déjà que la saillie naturelle n’est plus la seule technique pour obtenir un poulain. Pour les chevaux de sport, elle est même devenue minoritaire, au profit de l’insémination artificielle. Mais déjà, les chercheurs travaillent sur d’autres techniques comme le transfert d’ovocytes ou le clonage. Voici un tour d’horizon de ce qui se fait aujourd’hui et se fera peut-être demain…

 

1ère partie : Des techniques de plus en plus élaborées

D’abord mises au point pour les animaux d’élevage comme les bovins, les techniques de reproduction artificielles se diversifient pour répondre aux besoins spécifiques du monde hippique.

L’année dernière, le fichier Sire a enregistré 95 749 naissances d’équidés. Monte en main et insémination artificielle sont les techniques les plus utilisées (voir tableaux). Cependant, la saillie en liberté revient à la mode chez les poneys, chevaux de traits et les ânes. Toutes races confondues, un étalon a en moyenne sailli 15 juments durant cette saison de monte ! Mais si les techniques ont évolué au fur et à mesure des années, toutes les races n’y ont pas forcément accès.

30 ans de développement

Quelque temps après avoir domestiqué le cheval, on peut imaginer que l’homme a mis en place une sélection des reproducteurs et a donc pratiqué la saillie en main. Si les progrès de la médecine vétérinaire au 20e siècle ont certainement permis d’améliorer les taux de réussite des saillies naturelles, il a fallu attendre les années 70 pour que la recherche s’intéresse aux techniques de reproduction artificielles chez le cheval. Les premiers travaux ont été initiés par l’Université du Colorado, dont le laboratoire de reproduction équine est considéré comme le meilleur au monde aujourd’hui. La plupart des techniques ont d’abord été mise au point chez les bovins, mais il a fallu les adapter car la particularité de l’espèce équine, c’est que les animaux qui se reproduisent sont en général âgés et donc moins fertiles.

L’insémination artificielle (IA) est utilisée chez les bovins depuis 1946. Elle permet de multiplier le nombre de produits d’un reproducteur, une seule saillie servant à féconder plusieurs femelles. En France, les premiers travaux chez le cheval ont débuté en 1980, grâce à une collaboration entre l’Institut National de Recherche Agronomique (INRA) de Nouzilly et les Haras Nationaux. Dès 1986, des inséminations ont été réalisées avec du sperme congelé. Les équipes de recherche se sont aussi intéressées aux juments, tentant de multiplier leur nombre de poulains par saison. Ainsi, la même année à Nouzilly sont nés les premiers poulains issus d’un transfert d’embryon. Puis les chercheurs ont voulu transposer les techniques de fécondation in vitro (FIV) développées chez l’homme : deux poulains sont ainsi nés en 1989. Mais la FIV n’a pas encore fait ses preuves, et pour contourner certains obstacles, les scientifiques vont plus loin : ICSI et transfert d’ovocytes sont en plein développements. Dernier succès annoncé : la naissance du premier clone de cheval en août 2003 en Italie (voir Cheval Magazine n°385, décembre 2003).

Réglementation

Toutes les techniques artificielles doivent être réalisées dans un centre agréé par les Haras nationaux pour le produit d’une saillie soit reconnu par le stud-book. Dans le monde de la course, les étalons sont très surveillés. Pour les pur-sangs, seule la saillie naturelle est autorisée. Quant aux trotteurs et aux pur-sangs utilisés en croisement avec des juments de selle, ils n’ont accès qu’à l’insémination artificielle (avec mise en place immédiate chez les trotteurs). Les races de selle (arabe, anglo-arabe, selle français et races étrangères de chevaux de selle reconnues) sont autorisées à l’IA (sperme frais et congelé). Idem pour la plupart des poneys (connemara, haflinger, new forest, poney français de selle, welsh). Quant au transfert d’embryon, il est pour l’instant autorisé pour les selles français et les anglo-arabes. Certaines conditions ainsi qu’un avis du stud-book sont nécessaires pour les trotteurs français. La technique est interdite pour les pur-sangs, arabes, lusitaniens et chevaux barbes. Dans tous les cas, il convient de se renseigner auprès des stud-books.

Vous avez dit BLUP ?
Le BLUP (Bilan Linéaire Universel et Prévisionnel) est un indice calculé pour les chevaux de sport qui estime leur potentiel génétique. Il prend en compte toutes les performances d’un cheval, mais aussi celles de ses parents, frères, sœurs, cousins… C’est donc un élément essentiel lorsqu’il s’agit de choisir un reproducteur. C’est un indice mis à jour chaque année. En 2003, le BLUP pour les chevaux de CSO (BSO) allait de –46 à +35. Seuls les chevaux ayant un indice supérieur à 0 sont considérés comme améliorateurs pour une discipline donnée. Pour être valable, un BLUP s’accompagne toujours d’un coefficient de détermination (CD). Ce CD, variant de 0 à 1, reflète la précision du BLUP. Plus on dispose d’informations sur un cheval et ses apparentés, plus le CD est grand et donc, plus le BLUP est une estimation pertinente de son potentiel héréditaire.

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