Cheval Magazine n°519 – février 2015 – Dossier /
Ni animal de rente ni tout à fait animal domestique, le cheval occupe une place particulière dans la recherche scientifique consacrée aux animaux. Surtout qu’il existe d’importants enjeux économiques autour de son utilisation. La recherche équine française explore de nombreux domaines, et son expertise est reconnue internationalement. Reste que les défis à relever sont nombreux, tant d’un point de vue scientifique que pour assurer la pérennité de ces équipes de recherche.
Partie 1 : La recherche équine s’organise
La qualité de la recherche équine française est reconnue internationalement. Mais pour garder sa place, elle doit faire face à de nombreux défis.
Une quarantaine d’équipes de recherche travaille sur le cheval en France, disposant même de trois troupeaux expérimentaux. Mais elles sont disséminées sur tout le territoire, et dépendent de plusieurs autorités de tutelle : organismes de recherche ou agences publics, écoles vétérinaires, entreprises privées… Ce qui ne facilite guère leur collaboration. Par ailleurs, « seules quelques équipes étudient exclusivement le cheval, toutes les autres travaillent également sur d’autres espèces animales. Dans un sens, cela peut nuire à leur visibilité, mais cela favorise aussi les interactions entre chercheurs, les échanges de savoir et de savoir-faire. En effet, certains travaux sur d’autres espèces peuvent s’appliquer aussi au cheval, tout dépend des thématiques : par exemple, pour l’alimentation, le cheval bien qu’herbivore, est assez différent des vaches ou des moutons, par contre sur les questions de parasitologie des rapprochements sont possibles. Quant aux pathologies de l’appareil locomoteur, et notamment celles du cheval athlète, elles peuvent servir de modèles pour certaines affections humaines. Même en matière de comportement, des rapprochements sont possibles avec d’autres espèces grégaires », décrit Marion Cressent, responsable adjointe du département Recherche & Innovation de l’IFCE.
Fédérer les équipes
Pour lutter contre cette dispersion, la création de l’IFCE en 2010 (né de la fusion des Haras Nationaux et de l’École Nationale d’Équitation), puis de la Fondation Hippolia (voir encadré) l’année suivante constitue une étape importante. Cela permet notamment de ne pas diluer les financements et évite le « saupoudrage ». Et ce d’autant plus qu’ils ont un comité scientifique commun : « un seul et même collège d’experts, composé de représentants de la recherche équine et des organismes de recherche, des organismes socioprofessionnels et des partenaires comme les ministères de la recherche et celui de l’agriculture, des organismes de recherche, et des principaux financeurs de la recherche équine. Ce conseil a pour mission de retranscrire les besoins de la filière équine en lançant des appels à projets sur des thématiques de recherche précises, puis d’évaluer les résultats de ces travaux afin de favoriser l’excellence scientifique », résume Marion Cressent.
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