Fondation Hippolia – newsletter #2 août 2014 –
Lorsqu’un cheval galope, c’est une force pouvant dépasser la tonne qui s’exerce sur chaque sabot ! Mieux vaut donc qu’il ne pose pas ses pieds n’importe où… Cavaliers et entraîneurs le savent bien : la nature du sol a une influence sur la locomotion des chevaux mais aussi, et surtout, sur le risque d’apparition de lésions. Mais ce n’est qu’une connaissance empirique. C’est pourquoi une équipe de la Fondation Hippolia a mis au point des outils innovants pour étudier méthodiquement la nature des sols et la corréler aux contraintes mécaniques qui s’exercent sur le cheval. Des outils qui ont notamment permis d’étudier les sols sur lesquels les athlètes des Jeux Équestres Mondiaux FEI Alltech™ 2014 en Normandie* vont évoluer.
Pr Nathalie Crevier-Denoix, Fondation Hippolia
Dirige l’Unité de Biomécanique et Pathologie Locomotrice du Cheval – USC 957
Institut National de la Recherche Agronomique – École Nationale Vétérinaire d’Alfort
En quoi consiste le projet de recherche SafeTrack ?
Nathalie Crevier-Denoix : Nos travaux sont centrés sur la sécurité du cheval en relation avec la nature du sol sur lequel il évolue. Il s’agit concrètement d’étudier le risque d’apparition de lésions de l’appareil locomoteur à court terme mais aussi à long terme en fonction des caractéristiques d’un sol. Dans un premier temps, nous avons suivi des jeunes trotteurs, la moitié d’entre eux s’entrainant sur une piste dure et l’autre sur une piste souple. Des appareils utilisés couramment dans le BTP, et des mesures biomécaniques réalisés sur d’autres chevaux nous ont permis de caractériser la dureté des sols. Puis nous avons relié ces mesures aux lésions observées chez les jeunes trotteurs grâce à des examens d’imagerie médicale (réalisés au CIRALE**). L’analyse des résultats a clairement montré qu’il y avait plus de lésions et que celles-ci étaient plus sévères chez les chevaux entraînés sur la piste dure. Ainsi après 4 mois d’entraînement sur cette piste, 50 % des chevaux présentaient des tendinites du perforé***, contre 0 % chez les chevaux trottant sur la piste souple. Chez ces premiers, on a aussi vu plus de traumatismes osseux pouvant être à l’origine de fractures de fatigue. C’est la toute première fois qu’une étude scientifique démontre un lien de cause à effet entre dureté du sol et lésions de l’appareil locomoteur, et ce en apportant des informations précises sur la nature des lésions observées.