Article paru dans « Profession sage-femme » n°267 – décembre 2020 /
Depuis le début de la crise sanitaire, sages-femmes libérales et hospitalières se sont emparées de ce nouvel outil avec plus ou moins de facilité. Un véritable encadrement pérenne est désormais nécessaire.
Entre le 17 mars et le 11 mai 2020, environ 108 000 enfants sont nés en France métropolitaine et près de 35 000 interruptions volontaires de grossesse (IVG) ont potentiellement eu lieu. Le tout dans un contexte exceptionnel de confinement général et de menace sanitaire inédite liée à la Covid-19. « Contrairement à d’autres professionnels de santé, les sages-femmes libérales ont vu leur activité augmenter, par exemple de 6 % en Île-de-France entre le 1ermars et le 30 avril par rapport à la même période en 2019, raconte Pierre-Antoine Migeon, sage-femme échographiste libéral à Lyon et membre du conseil d’administration du Collège National des Sages-femmes (CNSF). Cette tendance à la hausse s’explique notamment par le transfert de l’activité des établissements de santé et des centres de protection maternelle et infantile vers le secteur libéral. »
Avec le confinement, il a fallu adopter de nouvelles façons de travailler. Et la grande gagnante est la téléconsultation autorisée depuis deux ans pour les médecins et jusqu’alors inédite pour les sages-femmes. Dès le 19 mars un arrêté leur a en effet permis de réaliser des consultations à distance pour assurer le suivi de leurs patientes quand elles l’estimaient pertinent et qu’aucun examen physique direct n’était nécessaire. Puis le 31 mars, un autre arrêté a ouvert la possibilité de réaliser de nouveaux actes à distance (séances de préparation à la naissance, bilans valorisant les missions de prévention des sages-femmes dans le cadre du parcours de soins…) La cotation applicable pour la téléconsultation (code TCG et tarif de 25€) est prise en charge à 100% par l’Assurance Maladie. Pour les autres actes pouvant être réalisés à distance, ils sont facturés avec les mêmes cotations que celles existantes pour les soins réalisés en présence de la patiente et eux aussi pris en charge à 100%. Grâce à un décret paru mi-octobre et à la prolongation de l’état d’urgence sanitaire, les sages-femmes sont encore autorisées à réaliser des téléconsultations et des actes à distance dans des conditions identiques. Alors qu’un deuxième confinement est en cours, quelles leçons retenir du premier ?
Les libérales précurseurs
C’est avec beaucoup de vélocité et de débrouillardise que les sages-femmes libérales se sont lancées dans la téléconsultation dès mars, alors qu’elles étaient sollicitées par les femmes inquiètes pour leur suivi. « On avait déjà l’habitude avant de répondre à leurs questions par téléphone, raconte Laurence Crespi qui exerce dans les Alpes-Maritimes. Là au moins on a pu facturer, et mieux nous organiser. » Le premier défi a été celui de choisir l’outil à adopter. Déjà présentes sur Doctolib pour la prise de rendez-vous, certaines n’ont pas hésité à profiter de leur offre gratuite au printemps pour l’utiliser aussi pour les téléconsultations (depuis septembre, le coût est repassé à 79 euros par mois). D’autres, réticentes quant à la position dominante de cet opérateur privé et au coût ultérieur, ont préféré les plateformes des Agences Régionales de Santé (ARS) telles que MonSisra en Auvergne-Rhône-Alpes ou Predice dans les Hauts-de-France, ou d’autres offres privées comme ConsuLib. « Je préfère donner moi-même mes rendez-vous, et ConsuLib ne prend aucun frais fixe ni abonnement, seulement une redevance d’un euro par téléconsultation, c’est un coût plus acceptable que Doctolib pour moi qui ne travaille que deux jours par semaine », précise Laurence Crespi.
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