Article paru dans “Profession sage-femme” n°266 – novembre 2020 /
Il existe de nombreux leviers pour diminuer l’empreinte écologique de son activité libérale, même si tous ne sont pas évidents à mettre en œuvre. Cette prise de conscience récente dans la profession devrait amener à plus de réflexions collectives.
En 2015, Margaret Chan, directrice générale de l’Organisation Mondiale de la Santé, a qualifié l’Accord de Paris sur le climat (COP21) comme « le plus important du siècle dans le domaine de la santé. » Aujourd’hui, il n’est plus de question d’ignorer l’impact de l’environnement et des bouleversements climatiques sur notre santé. Mais il ne faut pas négliger la réciproque : nos pratiques sanitaires et médicales ont un impact sur l’environnement. Il suffit pour s’en convaincre de regarder toutes ces images de masques chirurgicaux abandonnés dans la nature avec la crise de la Covid-19 ! Il est plus que temps pour les professionnels de santé de s’interroger sur leur empreinte écologique.
Nombreux sont les établissements de soins qui se sont engagés ces dernières années dans des démarches écoresponsables : certification HQE (hautes qualités environnementales) des bâtiments, systématisation du tri sélectif, réduction de la consommation de matériel à usage unique… Des maternités communiquent par exemple sur l’utilisation de biberons en verre et de couches lavables. Et l’on voit se multiplier les labels plus ou moins sérieux pour certifier ces engagements. Bien entendu l’enjeu n’est pas qu’environnemental, il est aussi économique : une étude publiée en 2017 par le Comité développement durable santé (C2DS) a estimé le potentiel d’économie énergétique à environ 160 millions d’euros par an pour les hôpitaux publics et privés. Selon le Ministère de la santé, les établissements de soins produisent environ 700 000 tonnes de déchets par an, soit 3,5% de la production nationale, pour un coût de traitement allant de 2 à 5 euros par jour et par patient. En juillet dernier, à l’occasion du Ségur de la santé, le ministre Olivier Véran a d’ailleurs insisté sur le fait que l’hôpital devait prendre « le virage » du développement durable.
Un mouvement encore balbutiant chez les libéraux
Et du côté des libéraux ? Le mouvement est encore balbutiant. Au Canada, plusieurs associations de médecins de famille ont édité un guide de Solutions vertes pour les cabinets médicaux. Aux États-Unis, un gastro-entérologue de Floride a mis au point un programme très complet intitulé My Green Doctor pour accompagner les médecins dans leurs démarches écoresponsables. En Suisse, il existe depuis une vingtaine d’années une association de médecins très militants en faveur de l’environnement. En France, c’est beaucoup plus récent. La Dre Julie Legrand a soutenu la première thèse sur ce sujet en 2018, qu’elle a ensuite décliné en site web : santedurable.net. « J’ai toujours été sensible à l’écologie, j’avais une très forte envie de transposer ça dans ma vie professionnelle, explique t’elle. De plus en plus de médecins s’y mettent, je pense que nos réflexions sont tout à fait déclinables dans les cabinets des sages-femmes. » Au printemps dernier, l’Association nationale des sages-femmes libérales (ANSFL) avait ainsi prévu un colloque sur le thème Se mettre au vert ? L’écologie dans nos pratiques, mais il a été annulé à cause du confinement. « C’est une préoccupation très présente parmi nos adhérents. Nous devrions le reprogrammer l’année prochaine », espère Émilie Cruvelier, secrétaire de l’ANSFL et sage-femme libérale en Indre-et-Loire.
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