Dossier paru dans Recherche & Santé n°174 mai 2023 /
Il y a 20 ans, les médecins ne disposaient que d’un seul traitement contre la sclérose en plaques. Aujourd’hui leur arsenal compte plus d’une douzaine de familles de médicaments, et la prise en charge est de plus en plus précoce. Si l’enjeu principal est de prévenir les handicaps, il reste aussi à développer des médicaments pour les formes progressives de la maladie, voire inverser le processus pathologique.
La sclérose en plaques une maladie auto-immune dans laquelle le système immunitaire du malade s’attaque à la myéline du système nerveux central et provoque une inflammation locale. Cette myéline protège les neurones, comme le plastique autour d’un fil électrique, et permet au message nerveux de circuler plus rapidement. Sa destruction entraine des lésions dispersées, appelées plaques, où survient une dégénérescence des neurones. D’un malade à l’autre et avec le temps, les symptômes sont extrêmement divers, selon la zone du cerveau ou de la moelle épinière concernées par les lésions. Il peut s’agir de troubles moteurs provoquant une faiblesse musculaire, de troubles de la sensibilité (engourdissement, fourmillement, douleurs…), de symptômes visuels, de troubles de l’équilibre et de la coordination, de troubles urinaires et sexuels, et de troubles cognitifs. Il y a aussi une fatigue importante, isolée ou accompagnant ces symptômes.
« Il existe trois formes de la maladie, explique le Pr Bruno Stankoff, neurologue à l’hôpital St Antoine (AP-HP, Paris). La plus fréquente, appelée forme rémittente, concerne 85% des malades environ et frappe plutôt des personnes jeunes. L’évolution de la maladie se fait par poussées, avec l’apparition rapide des symptômes associée à une grande fatigue. » Puis les symptômes disparaissent plus ou moins en quelques semaines, en fonction de la régression de l’inflammation et de la remyélinisation spontanée. Avec l’âge, cette récupération lors des phases de rémission peut devenir plus difficile et laisser des handicaps. Après quelques années ou décennies d’évolution, une part importante de ces malades voient leurs symptômes s’aggraver de façon continue, on parle de forme secondairement évolutive de la maladie. Enfin, 15% des malades sont touchés d’emblée par une forme progressive : leurs symptômes s’intensifient de façon lente et continue.
…/…