Un cerveau virtuel

Article paru dans Recherche & Santé n°158 – La revue de la Fondation pour la Recherche Médicale – printemps 2019 /

Des chercheurs français ont mis au point un modèle informatique de cerveau afin de mieux comprendre l’épilepsie. L’objectif est aussi d’améliorer la prise en charge, notamment les traitements chirurgicaux, tout en allégeant la procédure pour les patients.

Pas une mais des épilepsies

L’épilepsie est la 3ème maladie neurologique la plus fréquente après les migraines et les démences. Elle toucherait environ 1 % de la population. Il s’agit d’une pathologie qui prend racine dans le cerveau : une excitation synchronisée et anormale d’un groupe de neurones, plus ou moins étendu dans le cortex*, qui peut se propager à d’autres zones du cerveau et entraîner leur dysfonctionnement. De fait, cela englobe une grande diversité de symptômes, dont les crises épileptiques ne sont que la partie immergée de l’iceberg. Selon les malades, ces crises peuvent d’ailleurs se manifester par des pertes de connaissances, et/ou des convulsions, et/ou une rigidité musculaire etc., et s’accompagner ou non d’une grande fatigue, de troubles de l’humeur, du sommeil, de la cognition… On dénombre ainsi une cinquantaine de syndromes épileptiques différents. L’évolution de la maladie avec les années est elle aussi très variable d’un patient à l’autre. 

Un cerveau virtuel pour modéliser les crises

Pour chaque patient, le foyer de neurones à l’origine des crises épileptiques peut être différent, à la manière de l’épicentre d’un séisme. Or pour les médecins, le seul moyen de découvrir cet épicentre est d’interpréter visuellement les résultats d’une IRM et d’un électroencéphalogramme. Problème : chez près de la moitié des patients, aucune anomalie n’est visible à l’IRM ! 

C’est pour répondre à ce défi qu’un modèle informatique permettant de reconstituer le cerveau d’une personne épileptique a été crée par des équipes du CNRS, de l’Inserm, de l’Université Aix-Marseille et de l’AP-HM, sous la direction de Viktor Jirsa de l’Institut de Neurosciences des Systèmes (Marseille).  Les chercheurs ont d’abord conçu un modèle de base, dans lequel ils peuvent ensuite injecter des informations propres à chaque patient, comme par exemple l’organisation hypothétique de chaque zone cérébrale et les interconnexions entre celles-ci. Ils simulent ensuite sur ce cerveau virtuel différents foyers de crises épileptiques et modes de propagation afin de valider ou non leur hypothèse de diagnostic. Cet outil permet donc un bilan neurologique beaucoup plus complet que l’IRM et l’encéphalogramme. 

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