Vaccins : combien de temps sont-ils efficaces ?

Santé Magazine n°469 – janvier 2015 /

La plupart des vaccinations sont entreprises durant la petite enfance. Certaines nécessitent un rappel à l’âge adulte, d’autres pas. Pourquoi ? Que savons-nous aujourd’hui de la durée de protection des principaux vaccins ?

En 2014, le calendrier vaccinal a été simplifié. Les principaux changements concernent la réduction du nombre de doses injectées aux nourrissons, les rappels antitétaniques qui se font désormais à âge fixe à l’âge adulte, et la diminution de l’âge de première vaccination contre le papillomavirus humain chez les jeunes filles. Le Haut Conseil de la Santé Publique (HCSP) assure que cette simplification permet « de n’administrer que le strict nombre d’injections nécessaires à une bonne protection et de faciliter le suivi du calendrier vaccinal pour les patients adultes. » Mais justement, que savons-nous à propos de la durée de protection vaccinale ?

« Elle varie pour chaque personne, en fonction de son système immunitaire et de l’âge auquel elle a été vaccinée, et aussi en fonction du vaccin », déclare le Pr Daniel Floret, président du Comité Technique des Vaccinations (CTV) du HCSP. Cela dépend de la nature de l’agent pathogène : « certains évoluent très rapidement, comme le virus de la grippe, ce qui nous oblige à réajuster chaque année la composition des vaccins et donc à revacciner la population, alors que d’autres n’évoluant quasiment pas, la vaccination est plus pérenne. » Selon leur composition (virus atténués ou fragments de protéines virales ou bactériennes, avec ou sans adjuvant…) tous les vaccins ne déclenchent pas la même réponse immunitaire : « s’il y a uniquement production d‘anticorps, la durée de protection risque d’être limitée dans le temps. Et avec l’âge, la quantité d’anticorps produite diminue », décrit le Pr Catherine Weil Olivier, pédiatre et ancien membre du CTV. Des rappels peuvent donc être nécessaires. D’autres vaccins provoquent en plus la constitution d’une véritable mémoire immunitaire (immunité cellulaire) capable d’être réactivée si le sujet est un jour infecté par l’agent pathogène ou s’il croise une personne malade. « C’est ce que l’on appelle des rappels naturels qui limitent la nécessité de revacciner », explique le Pr Weil Olivier.

Des études épidémiologiques évaluent régulièrement la durée de protection des vaccins : « 10, 15 ou 20 ans après avoir été vacciné, quels sont les risques de tomber malade ? » s’interrogent-elles. La réponse est appréciée en fonction des caractéristiques de la maladie et des objectifs sanitaires. Ces données peuvent évoluer dans le temps, ce qui explique que chaque année, le HCSP réévalue ses recommandations en matière de vaccination.


Le HCSP ouvre le débat sur la vaccination obligatoire et la gratuité
Dans un avis rendu en septembre dernier, le HCSP estime que « la vaccination est l’action de santé publique la plus efficace. » Fort de quoi, il appelle à un débat public autour du caractère obligatoire de certains vaccins. Si cette obligation est maintenue, alors il recommande que la liste des vaccins obligatoires soit révisée (aujourd’hui, seul la vaccination contre diphtérie-tétanos-polio est obligatoire) et exhorte les autorités de santé à une « forte communication mettant en exergue l’intérêt à vacciner et les risques de la non-vaccination. » Il préconise par ailleurs une nouvelle organisation basée sur la gratuité de la vaccination afin de la rendre plus accessible à l’ensemble de la population.

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