Article paru dans 60 millions de consommateurs n°581 en juin 2022 /
En vente libre dans les pharmacies, de nombreux autotests promettent de dépister soi-même une maladie ou de s’informer sur son état de santé. Sauf que seuls quelques-uns présentent un intérêt médical. Mais sous quelles conditions et avec quelle fiabilité ?
Entre avril 2021 et avril 2022, plus de 46,5 millions de boites d’autotests Covid ont été commercialisées, en vente libre, par les pharmacies françaises (source : IQVIA). Réaliser seul un test de diagnostic est devenu un geste banal. Un geste qui coïncide avec une tendance de fond voulant que le patient soit acteur de sa santé. D’ailleurs aujourd’hui, près d’une vingtaine d’autotests promettent aux patients de dépister eux-mêmes une infection urinaire, une anémie ou même la maladie de Lyme. Pas de quoi se réjouir d’un progrès médical pour autant.
Il existe trois grandes familles de tests biologiques. Les examens de biologie médicale (EBM) réalisés exclusivement sous la responsabilité d’un biologiste médical ; les tests rapides d’orientation diagnostique (TROD), des tests de dépistage réalisés par un professionnel de santé permettant, par exemple, de repérer en quelques minutes une angine bactérienne ou de vérifier votre statut vaccinal contre le tétanos. Et enfin, les autotests, des dispositifs destinés à être utilisés dans un contexte domestique. Certains sont prescrits par un médecin et répondent à un besoin d’autosurveillance médicale (mesures de la glycémie et de l’INR pour contrôler la coagulation du sang). Ils ont une utilité médicale et sont pris en charge par l’Assurance maladie.
Des diagnostics « do it yourself »
Et puis, il y a tous les autres. À l’exception des tests de grossesse et d’ovulation disponibles en grandes surfaces, ils sont vendus exclusivement en pharmacie, entre 5 et 40€. « Face à la multiplication très rapide de l’offre, des pratiques commerciales parfois agressives de certains fabricants et l’absence d’évaluation de la fiabilité de ces autotests, l’Académie de pharmacie s’est interrogée sur leur intérêt et a publié un rapport sur le sujet en 2018 », explique le Dr Michel Vaubourdolle, biologiste médical et animateur de ce travail. Le constat est sans appel : peu de tests sont réellement pertinents ! « Il y un véritable risque d’inquiéter des patients pour rien, ou d’en rassurer d’autres à tort qui, du coup, n’iront pas voir un médecin alors qu’ils en ont besoin », résume-t-il. Les autotests peuvent ainsi se classer en trois catégories : ceux qui sont inutiles, voire dangereux ; ceux qui ont un intérêt discutable et ceux qui ont un intérêt confirmé.
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