De nouvelles ambitions contre les cancers pédiatriques

Dossier paru dans le Journal de l’Institut Curie n°127 en septembre 2021 /

Le diagnostic et les traitements des cancers chez l’enfant et l’adolescent ont fait beaucoup de progrès ces cinquante dernières années. Aujourd’hui cependant, 20 % des enfants ne sont plus en vie 5 ans après leur diagnostic. Mais pour les chercheurs, il reste encore beaucoup d’inconnus sur les mécanismes en jeu ainsi que de défis thérapeutiques.

« D’une certaine façon je suis fier de m’être battu contre le cancer, j’ai beaucoup appris grâce à lui. Il m’a permis de mûrir plus rapidement mais il m’a aussi volé cinq ans de ma vie, cinq années précieuses », témoigne Cédric, pris en charge à l’Institut Curie à l’adolescence pour un cancer de Hodgkin (lymphome). Dans le domaine de la lutte contre le cancer, les tumeurs de l’enfant et de l’adolescent sont un peu à part, et ce à plus d’un titre. D’abord il s’agit de maladies rares : chaque année en France, environ 2 200 nouveaux cas sont diagnostiqués chez les moins de 18 ans. C’est numériquement peu face au plus de 380 000 nouveaux cas de cancer par an chez l’adulte. Par ailleurs, chez les jeunes le taux de survie à plus de cinq ans dépasse les 80 %. Enfin et surtout, les cancers les plus fréquents chez les enfants et les adolescents sont très différents de chez l’adulte. Mais rareté et particularités n’empêchent pas la conduite de grands programmes de recherche pour améliorer les connaissances et les traitements. Car les cancers sont encore la deuxième cause de mortalité des enfants et adolescents, après les accidents domestiques.

Des cancers à part

Chez l’adulte, les principales causes de cancers sont le vieillissement, de mauvaises habitudes de vie (tabac, alcool, alimentation déséquilibrée, sédentarité, surpoids…) et certaines prédispositions génétiques. « Chez l’enfant, les tumeurs très différentes », explique le Pr Yves Bertrand, directeur de l’Institut d’hématologie et d’oncologie pédiatrique (IHOPe) de Lyon. Alors que chez l’adulte on trouve majoritairement des carcinomes (tumeurs solides se développant à partir de tissu de type glandulaire, comme le cancer du sein, de la prostate, du poumon, de l’intestin, etc.), chez les enfants il s’agit dans la grande majorité des cas de cancers du sang et des tumeurs cérébrales. « Les cellules du sang, qu’elles soient dans la moelle osseuse ou dans les organes lymphatiques, se développent très rapidement. Il s’en fabrique des milliards chaque jour. La probabilité que des erreurs génétiques se produisent et s’accumulent jusqu’à initier un cancer est donc plus grande que dans les autres tissus », précise t’il. Il existe aussi des tumeurs particulières, dites tumeurs embryonnaires, qui se développent à partir de tissus qui ne se sont pas encore différenciés et spécialisés. C’est le cas par exemple du médulloblastome, la tumeur cérébrale maligne la plus fréquente de l’enfant.

Toutes ces différences expliquent la rapidité de progression des cancers pédiatriques, qui n’est heureusement pas proportionnelle à leur gravité. Il est probable aussi que le système immunitaire encore immature aux premiers âges de la vie ne parvienne pas toujours à freiner le mécanisme de cancérisation. « À cause de toutes ces particularités, il n’y a aujourd’hui quasiment aucune possibilité de prévention ni de dépistage des cancers pédiatriques », souligne le Pr Bertrand.

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