Des herbivores pas comme les autres

Cheval Magazine n°402 rubrique Comportement – mai 2005

 L’alimentation étant la principale occupation des équidés, elle influence beaucoup leurs comportements. Selon l’environnement, ils peuvent adopter différentes stratégies alimentaires.

En liberté, le cheval consacre 60 à 80 % de son temps à l’alimentation, soit en moyenne 16 heures par jour. Un emploi du temps chargé ! En même temps qu’il broute, il interagit avec ses congénères et utilise tout un panel de comportements. En effet, dans la nature, être herbivore signifie le plus souvent être grégaire, c’est-à-dire vivre en groupe et donc entretenir des relations avec les membres de son espèce. Chez le cheval, stratégies alimentaires et comportement social sont en interactions très étroites.
Les premières contraintes qui s’exercent sur le comportement alimentaire sont bien sûr la disponibilité des ressources fourragères et les données physiques de son environnement : en premier lieu la présence d’un point d’eau, la présence d’insectes piqueurs, un terrain plat ou escarpé, le climat etc… Mais on peut aussi observer des différences alimentaires entre individus vivant pourtant dans les mêmes conditions naturelles. Beaucoup de travail reste à accomplir pour mieux connaître les facteurs influant sur les choix alimentaires des équidés.

Des ressources abondantes

Si l’on considère l’ensemble des équidés, deux types d’organisation sociale existent. Elles sont liées à la disponibilité des ressources alimentaires. Ainsi, dans le cas d’un environnement où la répartition des aliments permet aux individus de maintenir des liens durables entre eux, c’est-à-dire où le fourrage est présent de façon importante et homogène, on trouve une organisation de type harem*. C’est le cas chez le cheval domestique comme chez son cousin sauvage, le cheval de Przewalski, ainsi que chez le zèbre des plaines (Equus burchellii) et le zèbre des montagnes (Equus zebra). Les groupes ainsi formés ne vivent pas sur un territoire, mais plutôt sur un vaste domaine vital* qui peut couvrir jusqu’à plusieurs centaines de km2. Ils y croisent parfois d’autres harems, mais les relations entre eux restent très limitées.

En fonction des saisons, ces groupes peuvent migrer de façon massive pour retrouver des ressources alimentaires de meilleure qualité. La migration des zèbres à travers la plaine du Serengeti au Kenya en est le plus bel exemple. Selon les recherches de l’américaine Sandra Olsen, du Musée d’histoire naturelle de Carnegie (Pennsylvanie), on pouvait assister à un tel spectacle il y a 15000 ans en France, lorsque les chevaux quittaient les pâturages du Massif Central pour aller passer l’hiver dans les riches plaines qui bordent la Saône. C’est d’ailleurs à cette occasion que certains d’entre eux se sont faits massacrer par nos ancêtres au pied de la roche de Solutré…

Lorsque l’environnement est moins favorable, les relations entre les groupes peuvent donner lieu à des conflits. De telles situations ont été observées chez les chevaux sauvages dans les états de l’Ouest américain (Wyoming, Arizona ou Montana), ou en France, avec les Przewalski du Causse Méjean (voir Cheval Mag n°357, août 2001). Les harems tiennent leur distance et évitent de se croiser au point d’eau…/…

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