Article paru dans Sciences & Avenir n°860 – octobre 2018 /
Disparition d’Amérique, double domestication… En quelques années, l’analyse des génomes anciens à bouleversé les théories établies depuis des décennies. Retour sur la saga de la plus noble conquête de l’Homme.
Ce sont trois grands coups de sabots qu’ont récemment portés les généticiens à l’histoire du cheval moderne : non, l’humain n’est pas responsable de la disparition du cheval du continent américain il y a environ 10 000 ans ; non, les premiers chevaux domestiqués il y a 5 000 ans en Asie centrale ne sont pas les ancêtres de nos chevaux actuels ; et non, les chevaux de Przewalski ne sont pas les derniers chevaux sauvages sur Terre puisque justement ce serait eux les vrais descendants des premiers chevaux domestiques ! De quoi sérieusement détricoter le patient écheveau de théories tissées depuis des décennies sur les interactions entre l’Homme et le cheval. La paléogénétique, cette science qui étudie les très anciens génomes, force désormais les spécialistes à tout repenser. Et ce n’est pas sans conséquences pour notre propre histoire, car comme le rappelle Jean-Pierre Digard, directeur de recherche émérite au CNRS et spécialiste de la domestication animale et de l’histoire de cet équidé : « Le cheval est l’animal qui a le plus influencé l’histoire de l’humanité. Sans lui, les plus grands empires, tels celui des Scythes durant l’Antiquité, des Mongols au Moyen-Âge et plus tard celui de l’empire Ottoman, n’auraient jamais existé ! »
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