Article paru dans Recherche & Santé n°151 – La revue de la Fondation pour la Recherche Médicale – août 2017 /
« Pourquoi l’efficacité du vaccin cintre la grippe varie t’elle chaque année ? »
Il y a plusieurs explications à cela. Les virus de la grippe, surtout ceux du type A (voir encadré) évoluent très rapidement. De sorte que, d’une saison à l’autre, ce ne sont pas les mêmes souches qui circulent dans la population. Pour y faire face, la composition du vaccin elle-même est renouvelée chaque année, sur décision de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS). En général, trois souches de virus sont choisies pour faire partie du vaccin. Mais il arrive parfois qu’une autre souche virale émerge entre temps. C’est ce qui s’est passé durant l’hiver 2015 : l’une des souches qui a circulé pendant l’épidémie saisonnière n’était pas présente dans le vaccin, d’où une moins bonne efficacité de celui-ci. Cet hiver-là, on estime ainsi que plus de 18 000 décès sont en partie attribuables à la grippe.
Par ailleurs, même lorsque la composition du vaccin correspond parfaitement aux souches qui circulent effectivement dans la population, son efficacité n’est jamais de 100 % (. Chez une personne en bonne santé, l’efficacité du vaccin antigrippal est de l’ordre de 70 %. Ce qui signifie que 30 % des personnes vaccinées peuvent quand même avoir la grippe. Chez les personnes âgées, cette efficacité est bien moindre, de l’ordre de 40 %, à cause du vieillissement naturel de leur système immunitaire : on parle d’immunosénescence. Malgré cela, le vaccin reste hautement recommandé chez les personnes fragiles et les plus de 65 ans, car même s’il ne protège pas intégralement de la maladie, il réduit le risque de complications graves, et donc de mortalité.
La grippe est une maladie infectieuse provoquée par des virus de type Influenzae, qui s’attaquent essentiellement aux voies respiratoires supérieures (nez, gorge, bronches). En France, la grippe saisonnière touche chaque hiver entre 2 et 8 millions de personnes, et les épidémiologistes estiment qu’elle provoque entre 2000 et 8000 morts par an, essentiellement des personnes de plus 65 ans.
Certains virus circulent par ailleurs de façon permanente chez différentes espèces animales, essentiellement les oiseaux, les porcs et les chevaux. Ces réservoirs animaux peuvent être à l’origine de virus transmissibles à l’homme qui, s’ils se croisent avec des virus humains, peuvent alors donner lieu à une pandémie de grippe d’origine aviaire ou porcine.
La très grande majorité des virus pathogènes appartiennent à deux groupes, A et B. Pour les virus A, on nomme ensuite les différentes souches selon le type de protéines (H1 à H16 pour 16 types d’hémagglutinines différentes, et N1 à N9 pour neuf types de neuraminidases différentes) présentes à la surface. On parle ainsi de la souche A H3N2 par exemple.
Avec le Pr Bruno Lina, responsable du Centre National de Référence (CNR) de la grippe pour le sud de la France (Lyon), directeur du département de virologie du CHU de Lyon.