Article paru dans Ça m’intéresse Santé n°20 en janvier 2022 /
Certaines personnes ressentent joie, peur ou colère avec beaucoup plus d’intensité que les autres ? Comment l’expliquer ? Et surtout comment apprendre à en tirer parti ?
Face à une situation inhabituelle, ils ne seront pas heureux, tristes ou en colère, mais carrément émerveillés, désespérés ou bouleversés. Comme si chaque émotion était décuplée. Caroline, 37 ans, infirmière à l’hôpital, décrit ainsi son hyperémotivité : « Quand je dépose mes filles à l’école, je peux être abattue parce que j’ai croisé un petit en pleurs à l’entrée de la maternelle ou bouillir de rage face à un parent qui parle durement à son enfant. Parfois, c’est une musique à la radio qui me fait monter les larmes aux yeux ou qui me donne follement envie de danser ! Comme je sais que je peux réagir fort, je ne regarde pas les informations à la télé. Heureusement, dans mon métier, j’arrive à garder toutes ces émotions de côté ! C’est peut-être pour cela que ça déborde toujours dans ma vie privée. »
Ce n’est pas une maladie !
Si l’on parle aujourd’hui beaucoup d’hypersensibilité, c’est surtout grâce aux travaux menés depuis plus de quinze ans par le psychanalyste Saverio Tomasella, lui-même précédé dans les années 1990 par la psychologue Elaine N. Aron et son ouvrage Ces gens qui ont peur d’avoir peur (éd. de l’Homme). Pour eux, les hypersensibles n’ont ni une maladie ni un problème psychiatrique mais la particularité de ressentir les choses et de percevoir leur environnement plus intensément que les autres. Selon les études, ce tempérament concernerait 20 à 30 % de la population ! Les hyperémotifs, eux, se distinguent par le fait qu’ils extériorisent intensément leurs émotions. Ressentir et exprimer : la différence est subtile. On peut être hypersensible et garder ses émotions pour soi. Mais on est rarement hyperémotif sans être aussi hypersensible…
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