Hypertension artérielle, des risques réels

Dossier paru dans Recherche & Santé n°163 – La revue de la Fondation pour la Recherche Médicale – été 2020 /

L’hypertension artérielle est la maladie chronique la plus fréquente en France. Généralement silencieuse, elle est insuffisamment diagnostiquée et prise en charge. Or les risques sont bien réels : l’hypertension artérielle est en effet un facteur de risque majeur de maladies cardiovasculaires. Si l’on ne guérit en général pas l’hypertension artérielle, il existe de nombreux moyens pour la contrôler et réduire ainsi les risques.

EXTRAITS

Une mesure de la tension supérieure à 140/90 mm Hg signifie que l’on a de l’HTA.
FAUX La tension artérielle varie au cours de la journée et des activités que l’on effectue. Au repos, elle est plus basse, et s’élève lorsqu’on fait un effort physique. Par ailleurs, le stress peut lui aussi avoir un effet. Il y a enfin l’effet « blouse blanche » : dans un environnement médical, la tension peut être ponctuellement plus élevée que d’habitude. Ainsi, le diagnostic d’hypertension artérielle ne peut reposer sur une seule mesure de la tension, mais sur plusieurs répétées sur 24h par la MAPA, l’automesure tensionnelle, ou au moins à trois reprises au cabinet médical. Ces précautions pour établir le diagnostic avec certitude sont d’autant plus importantes que le traitement qui sera prescrit devra être poursuivi tout au long de la vie. 

Si la tension est normalisée par les médicaments, alors on peut les arrêter les traitements.
FAUX Lorsqu’on prend un traitement antihypertenseur, il doit être poursuivi quotidiennement tout au long de la vie dans la très grande majorité des cas. En effet, ces médicaments permettent de normaliser la tension mais pas de supprimer les causes primaires de l’HTA. Il est donc très important de continuer à les prendre régulièrement. Un arrêt brutal du traitement pourrait provoquer un effet rebond potentiellement dangereux : la tension artérielle peut rapidement remonter à des valeurs supérieures à la normale, voire encore plus qu’avant le traitement. Le risque de complication cardiovasculaire peut parfois être rapide.  De façon générale, il ne faut jamais modifier ou arrêter soi-même un traitement sans avis médical !

Les femmes sont moins touchées que les hommes.
VRAI MAIS il y a des périodes de leur vie où elles sont plus à risques. Ainsi, de façon générale, la prévalence de l’HTA est plus élevée chez les hommes de 18 à 74 ans (36,5%) que chez les femmes du même âge (25,2%). Mais il existe trois situations critiques pour elles : lors de la prise d’un contraceptif hormonal avec estrogène de synthèse, à l’occasion d’une grossesse et plus tard lors de la ménopause. En effet, les femmes sont naturellement protégées par leurs hormones naturelles, les estrogènes, contre l’HTA. Pendant la ménopause, leur niveau de risque rejoint celui des hommes, voire le dépasse. Il est donc crucial pour elles d’être bien suivie médicalement à ce moment-là et que leur tension artérielle soit régulièrement surveillée. 

L’hérédité joue un rôle dans l’HTA.
VRAI Avoir un ou plusieurs membres de sa famille ayant une HTA augmente en effet le risque de devenir soi-même hypertendu, donc mieux vaut dans ce cas se faire surveiller régulièrement, et limiter les facteurs de risque évitables. Aujourd’hui on a identifié quelques facteurs génétiques impliqués dans l’HTA, mais rien qui ne permet de faire un dépistage génétique ni d’établir un score génétique de risque. Dans la très grande majorité des cas, l’HTA est une maladie multifactorielle, avec des facteurs héréditaires de prédisposition certes mais aussi un rôle majeur de l’âge, du sexe, de l’alimentation et des habitudes de vie. 

Une montre connectée suffit pour surveiller la tension.
FAUX Mieux vaut même se méfier de tous les gadgets de ce type. En effet, la tension artérielle se mesure exclusivement au bras, c’est à dire à la même hauteur que le cœur, et surtout pas au poignet. Elle doit être prise au repos, dans des conditions strictes puisqu’elle peut varier au cours de la journée et selon les activités physiques. Pour mesurer sa tension, mieux vaut utiliser un système d’automesure tensionnelle au bras avec un appareil validé ou de mesure ambulatoire de la tension artérielle, faits explicitement pour cela.

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