Identité des tumeurs, vers des traitements plus efficaces. Interview FRM#133

Interview paru dans Recherche & Santé n°133
La revue de la Fondation pour la Recherche Médicale – janvier 2013

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EXTRAIT :

Daniel Birnbaum dirige l’équipe « Oncologie moléculaire » au Centre de Recherche en cancérologie de Marseille (Inserm UMR 1068). Il étudie notamment les altérations génétiques qui conduisent à la transformation d’une cellule saine en cellule maligne afin de mieux comprendre le processus de cancérisation.

 

Pourquoi étudier le génome des tumeurs cancéreuses ? Est-il différent de celui des autres cellules de notre corps ?
Daniel Birnbaum : Dans l’ADN de n’importe quelle cellule de notre corps, il survient des mutations spontanées, au cours de la vie, qui ne seront pas transmissibles aux générations suivantes. Certaines sont silencieuses, sans conséquence, d’autres peuvent être à l’origine du processus de cancérisation. Elles surviennent par exemple dans une cellule de l’intestin, du tissu mammaire ou de la prostate. On distingue les mutations qui activent un oncogène, c’est-à-dire un gène dont l’expression favorise la survenue d’un cancer, et les mutations qui inactivent des gènes qui ont rôle de suppresseur de tumeur, comme le gène p53 dont on parle souvent. Aujourd’hui on connaît 200 à 300 gènes qui peuvent ainsi être mutés dans une cellule cancéreuse. La connaissance exhaustive de ce répertoire ouvre une nouvelle ère dans la recherche en cancérologie mais aussi dans la prise en charge de la maladie.

Comment la connaissance des mutations génétiques impliquées dans les cancers a révolutionné la prise en charge des malades ?
Daniel Birnbaum : Il y a d’ores et déjà des exemples très concrets. Par exemple, on sait que 15 à 30 % des tumeurs du sein ont une altération du le gène HER2, et que cela est associé à un mauvais pronostic. Or, pour ces tumeurs là précisément, il existe un médicament particulier, l’Herceptine®. De la même façon, le Glivec® est un médicament spécifique pour la leucémie myéloïde chronique et certaines tumeurs intestinales présentant un profil génétique particulier. C’est ce qu’on appelle de la médecine personnalisée, qui utilise pour chaque malade une thérapeutique ciblée correspondant aux altérations présentes dans le patrimoine génétique de ses cellules cancéreuses. Mais cette équation « une mutation = un médicament » est encore très minoritaire. Malheureusement, on est très loin de disposer d’un médicament pour chacune des 200 à 300 mutations connues !

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