Cheval Magazine n°404 rubrique Protection – juillet 2005
Entre tolérance zéro et médication contrôlée, la lutte antidopage cherche sa place dans le monde des sports équestres. Doit-on s’orienter vers la mise en place de seuil de tolérance et d’autorisation thérapeutique ? Une question aux conséquences lourdes.
À la veille des J.O d’Athènes, la Fédération Équestre Internationale (FEI) semblait sure d’elle face au risque de dopage. « Notre premier souci, c’est le respect du bien-être du cheval », indiquait ainsi Catrin Norinder, du département olympique de la FEI (voir Cheval Mag, hors série J.0 2004). Les faits l’ont ramenée à une réalité bien moins idyllique. Sur les 40 chevaux testés à Athènes, quatre se sont révélés positifs, et non des moindres : Waterford Crystal de l’Irlandais Cian O’Connor (initialement médaille d’or CSO individuel), Goldfever monté par Ludger Beerbaum (médaille d’or CSO par équipe) et Bettina Hoy et sa monture Ringwood Cokatoo (complet). Les médias se sont vite emparés de cette série noire, initiée avec Meredith Beerbaum dont le cheval Shutterfly avait été testé positif à l’issue de la finale de la coupe du Monde 2004 de CSO à Milan.
Débat sur la tolérance zéro
La réglementation est sans équivoque : aucune substance susceptible de modifier le métabolisme du cheval ou permettant d’en masquer d’autres n’est autorisée en compétition. Seuls des produits comme les antibiotiques, vaccins et anti-ulcéreux, qui n’affectent pas les performances du cheval, sont autorisés. Et pour certaines hormones naturelles du cheval ou quelques substances d’origine végétale, un seuil de tolérance est fixé. Ce règlement est basé sur une éthique très claire : « le cheval doit être en bonne santé pour participer à une épreuve. Et l’absence de besoins de soins médicaux est un critère objectif pour juger cet état de bonne santé », explique Jean-François Bruyas, vétérinaire agréé par la FEI et membre de la commission antidopage de la FFE. Si cette politique de la tolérance zéro a fait ses preuves dans le monde des courses hippiques, elle est encore sujette à débat dans celui de la compétition équestre.
Il n’est par exemple plus rare avant une compétition, de voir des entraîneurs refuser de traiter une simple colique ou d’utiliser des anesthésiques locaux pour suturer une petite plaie, par crainte d’un contrôle positif par la suite. Que penser, comme l’explique Yves Bonnaire, directeur du laboratoire central de la FEI à Châtenay-Malabry, « de certains anti-inflammatoires ou stéroïdes dont l’efficacité n’est que de quelques jours alors que des traces peuvent persister dans le sang encore plusieurs semaines après leur administration » ? Ne nous trompons pas, la lutte antidopage n’est pas là pour empêcher l’usage de thérapeutiques, mais elle doit s’inscrire dans la logique du respect de l’animal…/…