S’entraîner pour durer : l’altitude en question

Cheval Magazine n°403 rubrique Vétérinaire – juillet 2005 

Pour être capable de fournir un effort de longue durée, comme lors d’une course d’endurance, un cheval doit avoir suivi un entraînement particulier. Dans ce cadre, les spécialistes s’interrogent sur l’intérêt d’un entraînement en altitude, comme cela se pratique parfois chez l’homme.

Un cheval bien entraîné, c’est un cheval acclimaté à l’effort que l’on va lui demander. Il s’agit d’une adaptation physique mais aussi mentale. Pour Pierre Cazes, entraîneur de l’équipe de France d’endurance, « c’est une mise en condition, qui permet au cheval d’acquérir l’aptitude musculaire, digestive et métabolique en vue d’une compétition ». Alors que le cheval est naturellement adapté à un effort court et violent, qui correspond à un comportement de fuite face à un danger, il convient donc de l’entraîner à un effort long et lent, en vue d’une épreuve d’endurance. Pour faciliter cette adaptation, certains ont recours à l’altitude et ses effets physiologiques. Pour autant, les arguments sont contradictoires.

Selon Pierre Cazes, il y a trois étapes de mise en condition athlétique. Il s’agit de considérer le cheval comme une entité, et non comme un simple assemblage cœur-muscles-poumons. « La première étape consiste à obtenir du cheval le meilleur geste biomécanique, avec le minimum de flexions articulaires, un geste efficace qui permet d’augmenter le rendement musculaire », décrit Pierre Cazes. Cela a des conséquences sur la physiologie même du cheval : l’ouverture du corps facilite le fonctionnement des viscères. La deuxième étape, qui en découle directement, est « un relâchement physiologique. Tout le métabolisme du cheval doit pouvoir fonctionner pendant l’effort », souligne l’entraîneur. C’est d’autant plus important qu’une course d’endurance dure parfois plus de 15 heures, et qu’il n’est pas question que des fonctions comme la digestion soient arrêtées pendant une si longue période. Troisième étape, le relâchement mental : un cheval qui n’a plus peur, qui n’est pas soumis à son instinct grégaire* et qui sent que l’ensemble de son corps continue à fonctionner pendant l’effort. « Une fois mise en place cette détente physique et mentale, la répétition de façon longue, lente et continue permet au cheval de s’adapter à l’effort », explique Pierre Cazes.

L’organisme dans sa globalité

Pour cet ancien vétérinaire, l’adaptation d’un cheval à un effort d’endurance est essentiellement de type circulatoire et non pas, comme beaucoup ont tendance à le croire, cardiaque. En effet, la fréquence cardiaque, à la manière d’un compte-tour d’un moteur, est le reflet du fonctionnement d’un organisme. C’est un repère et non pas un paramètre sur lequel il faut chercher à influer directement. « C’est grâce à une amélioration globale du fonctionnement de l’organisme que l’on peut permettre au cœur de travailler moins et plus efficacement », insiste Pierre Cazes. Il remarque par ailleurs qu’« un bon cheval d’endurance est naturellement brachycarde* ». Ceci étant, mesurer la fréquence cardiaque de votre cheval peut vous renseigner sur ses capacités d’effort et de récupération. Au repos, elle se situe autour de 40 battements par minute. Elle augmente ensuite progressivement selon l’effort fourni : entre 100 à 150 à une allure modérée qui correspond à un effort de type aérobie pouvant être maintenu jusqu’à 180 battements par minute. Au-delà, il s’agit ensuite d’un effort qui fait appel à l’anaérobie, qui n’est pas celui recherché en endurance (voir encadré). La fréquence cardiaque maximale d’un cheval se situe autour de 220 battements par minute. Puisque l’endurance est un effort long et continu, Pierre Cazes est formel : « jamais d’exercice fractionné »…/…

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