Cheval Magazine n°412 rubrique Reportage – mars 2006
La naissance de deux clones de champions en 2005 a engendré une nouvelle polémique autour du clonage dans le milieu hippique. D’autant que l’un d’entre eux est le clone d’un étalon…
Ils sont trois, trois poulains à nul autre pareils. Pour l’instant, ils grandissent, insouciants. Parfois, une nuée de photographes se presse au bord de leur paddock. Pourquoi tant d’agitation ? Qu’est ce qui les distingue des autres chevaux ? Ces poulains-là sont nés d’un exploit : ce sont des clones, des copies de chevaux qui existent déjà créées grâce à l’acharnement de quelques scientifiques.
On pourrait croire à de la science-fiction, pourtant tout ceci est bien vrai. Il y a d’abord eu aux Etats-Unis la naissance en mai 2003 du mulet Idaho Gem, tout premier clone d’un équidé. Puis le même mois a suivi Prometea, une pouliche Haflinger née en Italie. Ces deux poulains ont attiré l’attention des médias bien sûr, mais ils ont aussi fait naître questions et circonspections dans le monde hippique. Car les implications sont nombreuses, sur le plan éthique bien sûr mais aussi sur le plan réglementaire et économique. Avec le clonage c’est une nouvelle ère qui s’ouvre dans le domaine de la reproduction équine (voir « Cheval Mag » n°385).
Pour les partisans du clonage, ces clones concrétisent un noble espoir, celui de permettre à des animaux stériles, comme les mulets, ou à des espèces en voie de disparition de se reproduire. Mais les naissances qui ont suivi ont apporté des arguments bien plus prosaïques… En France, il existe ainsi une société privée dédiée au clonage équin : Cryozootech. Au départ, sa raison d’être est de créer des clones afin de permettre à des hongres champions de haut niveau de pouvoir se reproduire. C’est ainsi qu’est né en février 2005 Pieraz-Cryozootech-Stallion, copie conforme du champion d’endurance Pieraz. Un mois plus tard est arrivé Paris-Texas. Pour ce deuxième clone, Cryozootech a quelque peu tardé à révéler l’identité du cheval original… Car il s’agit de l’étalon Quidam de Revel, connu mondialement pour ses performances. C’est à la demande de son propriétaire Flemming Velin qu’il a été cloné. Raison invoquée : « Quidam de Revel arrive à l’âge où sa fertilité va baisser et encore beaucoup d’éleveurs qui n’ont pas pu se le payer voudraient un poulain de Quidam », explique Éric Palmer. « Je crois que des étalons âgés, subfertiles ou interdits à la reproduction pour cause d’artérite virale sont des bons candidats au clonage. Je fais confiance au marché : s’il y a une demande alors nous aurons des clients », poursuit-il…/…