Article paru dans « Cheval Magazine » n°567 février 2019 /
C’est un âne à nul autre pareil qui a bien faillit totalement disparaître. Grâce aux efforts des pouvoirs publics et des éleveurs, un ambitieux plan de sauvegarde a été mis en œuvre. Son succès pourrait aujourd’hui inspirer d’autres races d’équidés.
Qui a déjà croisé un jour un Baudet du Poitou n’est pas près de l’oublier ! Impossible de ne pas remarquer sa silhouette si particulière : avec une taille moyenne de 1,45 m au garrot c’est l’espèce asine la plus grande, c’est aussi la seule à porter de longs poils qui vont jusqu’à former naturellement des nattes. Autres particularités, « une tête grosse et longue qui portent des oreilles très grandes, en moyenne 35 cm, décrit Rebecca Montigny, responsable du Pôle-Nature de l’Asinerie du Baudet du Poitou. Il a aussi des membres très costauds, les canons font au minimum 20 cm de circonférence ». Enfin sa robe, qui varie du bai brun au noir, présente une nuance unique, un brun très clair appelé fougère. « Les ânons naissent très noirs puis s’éclaircissent avec l’âge et le soleil », précise Rebecca.
Une histoire unique
Ce standard si particulier est très ancien. « Dès le Moyen-Âge on retrouve des textes mentionnant dans le Poitou l’existence d’un âne très grand, très costaud et très poilu ! » Le Baudet du Poitou serait ainsi la race d’âne la plus ancienne dans notre pays, avec un phénotype* inchangé depuis presque 1 000 ans. Au Xème siècle, plusieurs écrits évoquent déjà la pratique de croisements avec des juments pour produire des hybrides (lire ci-contre). De part sa grande taille, le Baudet est en effet particulièrement adapté pour saillir des juments de trait, et produire des mules de très grand gabarit. « L’histoire du Baudet du Poitou est intimement liée à celle de la production de mules, raconte Rebecca. Les mâles ne travaillaient même pas ! Les éleveurs les réservaient uniquement à la reproduction, et les gardaient parfois enfermés au box pour les protéger des maladies ou des vols ! »
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