août 2010, OncoMagazine – Éditions Springer
Entretien avec le Pr Gilles Vassal
« L’Institut G. Roussy se donne 4 ans pour construire Construire la « médecine personnalisée » en cancérologie »
Quel est le contexte actuel de la médecine personnalisée en cancérologie ?
Dans certaines pathologies, et ce depuis plusieurs années déjà, les données biologiques concernant la nature des tumeurs sont prises en compte pour adapter certains traitements. C’est pas exemple le cas pour les neuroblastomes, des tumeurs rares chez l’enfant, certaines leucémies et bien sûr le cancer du sein, pour lequel on recherche la présence ou non du récepteur Her2. De nos jours, de plus en plus de médicaments innovants nécessitent, pour être utilisés à bon escient, que l’on identifie les patients patients qui peuvent en bénéficier, c’est-à-dire qui dont la tumeur va répondre au traitement. C’est ainsi que l’INCa a tout récemment mis en place un programme de soutien des 28 plateformes hospitalières de génétique moléculaire pour qu’elles détectent dès à présent en routine un panel de biomarqueurs : il s’agit de rechercher, pour le cancer colorectal, les patients dont la tumeur présente une forme non mutée du gène KRAS, et pour le cancer du poumon, les patients dont la tumeur présente une mutation activatrice du gène de l’EGFR. Cette pratique du diagnostic moléculaire est appelée à se développer, et pas seulement pour les nouveaux médicaments, cela concerne aussi la chimiothérapie, la radiothérapie et même la chirurgie.
Quels sont les enjeux de cette médecine dite “personnalisée” ?
Autrefois, la caractérisation des tumeurs se faisait essentiellement d’un point de vue anatomopathologique. Désormais, il s’agit aussi d’identifier des biomarqueurs moléculaires et génétiques qui nous permettent de réserver les traitements aux patients chez qui ils vont avoir une certaine efficacité, et d’éviter ainsi aux autres patients des effets secondaires inutiles mais aussi des dépenses superflues. Cela concerne toute l’oncologie. Grâce au formidable essor des technologies à haut débit comme la génomique qui génère des millions d’informations, on peut guider la prise en charge des patients de façon plus précise et surtout plus pertinente. C’est un véritable changement en profondeur pour l’oncologie, et pas seulement dans le domaine des médicaments innovants.