Cheval Magazine n°439 rubrique Races – juin 2008
Entre les biologistes, les instances réglementaires et les historiens, la définition de ce qu’est une race diffère parfois. Dans le milieu équestre, elle repose essentiellement sur les politiques d’élevage.
Conserver des animaux dans un enclos, identifier les individus les plus intéressants et encourager leur reproduction, voilà ce dont a été capable l’homme lorsqu’il a commencé à domestiquer des animaux il y a déjà plus de 9000 ans. Dès lors, la sélection qu’il a opérée a pris le pas sur la sélection naturelle et elle a conduit peu à peu à la naissance des races. Aujourd’hui, entretenir une race reste avant tout le travail des éleveurs et des associations qui gèrent les stud-books*.
Une notion zootechnique
Si l’on se réfère à la législation française, la seule définition que l’on trouve d’une race se situe dans le Code Rural (article D653-9) et s’applique à toutes les espèces : il s’agit d’ « un ensemble d’animaux qui a suffisamment de points en commun pour pouvoir être considéré comme homogène par un ou plusieurs groupes d’éleveurs qui sont d’accord sur l’organisation du renouvellement des reproducteurs et échanges induits, y compris au niveau international. » Rien de très précis là-dedans. « En biologie, il existe une définition claire et précise de ce qu’est une espèce : font partie de la même espèce tous les animaux capables de se reproduire entre eux et de donner naissance à des petits eux-mêmes fertiles. On parle ensuite de sous-espèce face à une population d’animaux isolés géographiquement et identifiable sur des critères morphologiques particuliers », explique Bertrand Langlois, généticien à l’Institut National de Recherche Agronomique (INRA). C’est à cette définition biologique de sous-espèce que correspond le terme de race qui est une notion purement zootechnique apparue au courant du XIXe siècle. « Dans le cas de la race, l’isolement génétique des animaux est lié à l’homme et à sa pratique de l’élevage », poursuit le généticien.
« Une race correspond à un équilibre entre des besoins qui créent un marché et des conditions de production qui fixent les prix de revient. La notion se rapproche alors beaucoup de celle de marque et il devient nécessaire d’identifier rapidement n’importe quel animal de la race », raconte Bertrand Langlois. On établit alors un standard* qui bouge en fonction du marché ou au contraire peut être extrêmement stable. Chez les animaux de rente ce standard permet de reconnaître à l’œil un certain nombre de qualités de production de la race non accessible immédiatement comme par exemple la haute teneur en crème du lait, reconnue par la robe particulière de la vache normande. A l’origine les éleveurs de chevaux souhaitaient produire pour la traction au pas ou au trot et des chevaux pour les remontes militaires susceptibles de galoper. Il était facile d’en distinguer les types à l’œil. Aujourd’hui ils élèvent des chevaux de course pur sang ou trotteur et des chevaux de sport. Leurs choix sont alors fondés sur les performances des animaux. La poussée des loisirs fait aussi qu’un grand nombre de chevaux et poneys sont aussi élevés comme le sont les chiens selon des critères avant tout morphologiques et la conformation devient un objectif en soi…/…