Article paru dans Recherche & Santé n°151 – La revue de la Fondation pour la Recherche Médicale – août 2017 /
Après une piqure par une tique porteuse de la bactérie Borrelia, on estime qu’environ 5 % seulement des personnes vont développer des symptômes. Lorsque c’est le cas, il s’agit dans 80 % des cas d’une atteinte cutanée uniquement, un érythème migrant qui apparaît 3 à 30 jours après la piqure : c’est une tâche rougeâtre qui apparaît sur la peau au niveau de la morsure elle-même et qui s’étend progressivement, de quelques millimètres par jour, en éclaircissant souvent en son centre. Cette tâche peut dépasser 50 cm de diamètre et disparaît ensuite d’elle-même. On parle de phase précoce localisée. Dans ce cas, un simple traitement par antibiotique permet d’éviter toute évolution de la maladie.
En l’absence de traitement antibiotique rapide après la survenue de l’érythème migrant, une phase précoce disséminée peut se développer dans les semaines qui suivent. Les principaux symptômes sont d’ordre neurologique (paralysie faciale, atteinte des racines nerveuses qui provoquent douleurs et troubles neurologiques divers, et/ou articulaire (). Ils sont assez peu spécifiques, ce qui explique que le diagnostic de la maladie de Lyme est souvent tardif.
Enfin, dans de très rares cas, les symptômes peuvent se manifester plusieurs mois voire années après la piqure de tique infectante. Ils sont là aussi très divers et peu spécifiques (atteintes neurologiques, articulaires chroniques, pathologies cutanées et/ou oculaires …) À ce stade-là, l’antibiothérapie permet d’éradiquer les bactéries mais ne permet pas toujours une guérison complète de la maladie, et il convient parfois de traiter aussi les symptômes (antidouleurs, anti-inflammatoires par exemple).
La maladie de Lyme, ou borréliose de Lyme, est provoquée par des bactéries du complexe Borrelia burgdorferi, transmise uniquement lors d’une piqure par une tique infectée. Ainsi la maladie de Lyme n’est pas contagieuse directement entre hommes. Toutes les tiques ne sont pas porteuses de la bactérie (10 % en moyenne en France), et toute infection ne donne pas forcément lieu à des symptômes.
En 2015, le réseau Sentinelles estime qu’il y a eu 33 202 nouveaux cas en France, un nombre à peu près stable depuis 2009.
Le diagnostic de la maladie de Lyme repose d’abord sur des signes cliniques. Il n’y a pas à proprement parlé de test de dépistage. Au stade disséminé, le diagnostic clinique peut être confirmé, par la recherche dans le sang ou le liquide céphalo-rachidien d’anticorps spécifiques de Borrelia (on parle de sérologie). Au stade précoce cutané (érythème migrant), le diagnostic est uniquement clinique car la sérologie n’est pas sensible.
Dans les formes les plus atypiques de la maladie, on peut rechercher la bactérie elle-même (par culture in vitro) ou son ADN (technique de PCR), mais seuls quelques laboratoires sont en mesure de réaliser ces examens.
Avec Benoit Jaulhac, responsable du Centre National de Références des Borrelia, CHRU de Strasbourg