Cheval Magazine n°463 Dossier – juin 2010
Comprendre comment le cheval perçoit son environnement est indispensable lorsqu’on s’intéresse à son comportement. Cela conditionne en effet ses réactions. S’adapter aux particularités de ses 5 sens, c’est aussi établir une meilleure communication avec lui.
PARTIE 1 : À chacun sa perception
Les études sur les perceptions sensorielles des chevaux sont plutôt récentes. Pour l’instant, on a surtout étudié la vision et, alimentation oblige, l’odorat et le goût.
À l’interface du cheval et de son environnement, du cheval et de ses congénères, se trouvent tous les organes sensoriels. La vision, l’odorat, le goût, l’ouïe et le toucher sont autant de moyens pour lui d’avoir des informations sur son lieu de vie mais aussi de communiquer. Ils sont donc intimement impliqués dans ses comportements. Si l’homme et le cheval ont leurs 5 sens en commun, nos capacités et l’usage que nous en faisons sont différentes.
Comparer les récepteurs
Étudier les perceptions sensorielles n’est pas toujours facile. Une approche simple consiste à s’intéresser aux récepteurs sensoriels présents chez le cheval et à les comparer à ceux de l’homme. Prenons la répartition des cônes et des bâtonnets, ces cellules sensibles à la lumière, sur la rétine. Proportionnellement, celle du cheval possède plus de bâtonnets que la notre. Ces cellules étant spécialisées dans la vision à faible luminosité, cela explique pourquoi le cheval voit bien mieux la nuit que nous. Par ailleurs, alors que la rétine humaine possède trois types de cônes, les cellules sensibles à la couleur, et est donc capable de distinguer le rouge, le bleu, le vert et toutes les couleurs intermédiaires, la rétine du cheval n’en possède que deux types. « En réalité, le cheval n’est pas incapable de voir le rouge, mais à cause de cette vision dichromatique, il ne fait pas la différence entre le vert et le rouge », explique Joseph Carroll, spécialiste de la question au Medical College of Wisconsin.
De la même façon, on a étudié les récepteurs gustatifs présents à la surface de la langue du cheval. Conclusion : comme nous, il est capable de percevoir le sucré, le salé, l’amer et l’acide mais ne réagit pas de la même façon selon les concentrations. Par contre, il semble dépourvu de récepteurs au glutamate, une substance caractéristique des aliments riches en protéines comme la viande. Pas étonnant pour un herbivore !
Mesurer l’influx nerveux
Lorsqu’un récepteur perçoit une information chimique (goût, odeur) ou mécanique (vibration de l’air, pression sur la peau), son rôle est de la transformer en courant électrique qui va aller jusqu’au cerveau via les nerfs sensitifs. Une des méthodes pour étudier une perception sensorielle consiste donc à présenter un stimulus au cheval, et à enregistrer le message nerveux correspondant. Par exemple, on diffuse des ultrasons et, grâce à des microélectrodes placées sur le nerf auditif du cheval, on observe s’il y a ou non transmission d’un message jusqu’au cerveau. De cette manière, on sait que le cheval à une acuité auditive équivalente à la nôtre, et qu’il perçoit des sons un peu plus aigus que les nôtres (entre 20 et 33 kHz) mais n’entend pas contre pas certains sons graves auxquels nous sommes sensibles (entre 0,02 et 0,06 kHz).
Cette approche expérimentale n’est pas réalisable avec tous les nerfs chez les chevaux, encore moins s’il s’agit d’implanter des électrodes directement dans le cerveau comme on le fait chez des rats de laboratoire par exemple. Une autre technique consiste à étudier l’activité de la zone cérébrale impliquée dans le traitement d’une information sensorielle. Si chez l’homme, ou avec de petits animaux, on peut utiliser pour cela l’imagerie médicale, et plus précisément l’IRM, cela n’a jamais été fait chez le cheval : cela nécessiterait un très grand appareil IRM et mettre le cheval sous anesthésie générale ! …/…