SOS races en danger !

Cheval Magazine n°450 rubrique Races – mai 2009

 
Races locales, de chevaux de trait ou simplement passées de mode, elles sont plus nombreuses que l’on ne croit à nécessiter un véritable plan de gestion pour ne pas disparaître. Mais encore faut-il en avoir la volonté et disposer des bons outils.

Chaque année, l’Union Mondiale pour la Nature (UICN) dresse une liste rouge des espèces sauvages menacées ou déjà disparues. Mais qu’en est-il des animaux domestiques et de la formidable diversité de races créées par le travail des éleveurs depuis des milliers d’années ? Les menaces qui pèsent sur les races d’animaux domestiques, et plus particulièrement sur les animaux de ferme ne sont étudiées que depuis une quarantaine d’années seulement.

Qu’est-ce qu’une race menacée ?

Selon l’Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture (FAO), la moitié des quelques 520 races d’équidés enregistrées en Europe serait menacée. Pour Imré Bodo, spécialiste de la sauvegarde des espèces domestiques, « la liste de la FAO n’est pas utilisable en l’état car les races sont regroupées par pays. Ainsi le pur-sang anglais est considéré comme une race en péril à Chypre alors que cette race est élevée partout en Europe ! » Pour juger de la menace d’extinction qui pèse sur une race, on se réfère souvent au seuil de 1000 femelles reproductrices. « Ce seuil a été défini il y a 30 ans par la FAO pour les bovins mais il est aussi appliqué aux chevaux et aux porcs alors que ces espèces ont des paramètres de reproduction très différents », remarque Éléonore Charvolin, de la Fondation pour la Recherche sur la Biodiversité (FRB).

En réalité, il existe de très nombreux critères pour juger si une race est ou non menacée (effectif total, nombre de reproducteurs, degré de consanguinité, âge des éleveurs, débouchés économiques…). Ainsi, la race Camargue qui compte moins de 1000 juments reproductrices n’en est pas pour autant une race menacée car elle est très dynamique, comptent de nombreux éleveurs et dispose d’un solide programme d’élevage.

Principes de conservation

Le cheval n’est aujourd’hui plus un animal de ferme et son intérêt agroalimentaire est quasiment nul face aux races bovines ou porcines. Alors pourquoi vouloir maintenir à tout prix certaines races ? Si les notions de biodiversité et de sauvegarde de certains écosystèmes pèsent dans la balance, le principal argument en faveur de la conservation de ces races est d’ordre culturel : elles font partie de notre patrimoine et nous devons les transmettre aux générations futures. L’objectif principal n’est alors pas de vouloir à tout prix augmenter les effectifs, mais plutôt d’assurer une certaine diversité génétique tout en conservant sa spécificité face à d’autres races. Reste que si l’on veut sauvegarder une race, il faut aussi lui assurer des débouchés. Protéger une race menacée ce n’est pas la reléguer au musée ! Il faut donc la valoriser, assurer des revenus à ses éleveurs et promouvoir des actions visant à mieux la faire connaître…/…

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