Ce que jument veut…

Cheval Magazine n°415 rubrique Comportement – juin 2006 

Les juments entre elles entretiennent des relations très riches. Si elles ne se partagent pas les tâches dans l’éducation des poulains, c’est sur la solidité de leurs relations que repose la stabilité d’un groupe.

Chez les chevaux, l’organisation sociale repose sur l’existence d’un harem constitué d’un étalon, de juments fertiles et de leurs petits. Mais il ne faut pas se contenter de voir là un mâle et son groupe de femelles. Au contraire, il existe une très grande richesse de comportements entre les juments. Et la stabilité du groupe repose plus sur elles que sur l’étalon qui les accompagne. Durant plusieurs dizaines d’années, la vie d’une jument est riche en événements : se séparer de sa mère, arriver dans un nouveau groupe, trouver sa place dans la hiérarchie, entretenir de bonnes relations avec les autres juments, élever plusieurs poulains… De la puberté jusqu’à ses derniers jours, la vie d’une jument n’est pas toujours un long fleuve tranquille !

Quitter le giron familial

Une jument a ses premières chaleurs vers l’âge d’un an (voir encadré). C’est en général pour elle le signal qu’elle va devoir quitter sa mère, voire son groupe familial selon la taille de celui-ci et les dispositions de chacun de ses membres. Il arrive parfois qu’elle quitte son groupe plus jeune, suivant sa mère vers un autre étalon. Mais en règle générale, la jeune jument part d’elle-même, durant l’oestrus* suivant son premier anniversaire. Ce départ ne s’effectue pas brusquement. Il est souvent précédé par des visites à d’autres groupes voisins, entrecoupé de retour « à la maison ». Au fur et à mesure de ses incartades, la jeune jument va nouer des liens avec un nouveau groupe. Puis elle va s’y établir définitivement. Il se peut parfois que ce soit l’étalon de ce nouveau groupe qui empêche la jument de retourner une dernière fois vers sa « famille », et même la féconde pour qu’elle reste auprès de lui. C’est comme cela que ça se passe, dans le meilleur des cas. Mais briser le lien avec le groupe où elle est née n’est pas toujours facile. On observe parfois de jeunes juments qui, alors qu’elles ont été saillies par un étalon d’un autre groupe, reste dans celui de leurs mères jusqu’à ce qu’elles mettent bas et deviennent à nouveau sensibles aux avances d’un étalon étranger…

Lorsqu’une jument arrive dans un nouveau groupe, elle peut mettre un certain temps avant de faire son trou, de trouver sa place dans la hiérarchie des juments déjà présentes avant elle. L’acceptation par l’ensemble du groupe peut prendre du temps. L’étalon peut mettre plusieurs semaines avant de la considérer comme « sienne », et de la défendre face à d’autres étalons. Si c’est lui qui est venu la chercher pour l’intégrer à son harem, il se montre en général plus prévenant avec elle. Pendant quelques semaines, il la protège de l’hostilité dont peuvent faire preuve les autres juments envers cette nouvelle venue. L’intégration dans un nouveau groupe peut aussi se trouver facilitée grâce à une relation privilégiée avec une jument du groupe, qui va peu à peu permettre l’établissement d’une nouvelle organisation dans le groupe…/…

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