Dossier : Sclérose en plaques, la recherche avance, la maladie recule. FRM#121

Dossier sur la sclérose en plaques paru dans Recherche & Santé n°121
La revue de la Fondation pour la Recherche Médicale – janvier 2010

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EXTRAIT : 

 Mal connue du grand public, la sclérose en plaques fait peur. C’est une maladie complexe, qui peut rester « discrète » chez certains, et provoquer de lourds handicaps chez d’autres. Son origine et ses facteurs de risque restent encore bien mystérieux, mais les progrès de la recherche depuis une quinzaine d’années ont permis une petite révolution et la qualité de vie des malades s’est nettement améliorée grâce à de nouveaux traitements.
Sclérose, parce qu’elle entraîne un durcissement des fibres nerveuses du cerveau et de la moelle épinière. En plaques, parce qu’elle se manifeste dans différents endroits du système nerveux central. La sclérose en plaques (SEP) est une maladie neurodégénérative, due à un phénomène auto-immun : le système immunitaire du malade lui-même attaque les neurones après avoir traversé la barrière hématoencéphalique. Les défenses du patient provoquent alors une démyélinisation, c’est-à-dire qu’ils détruisent la myéline, une protéine qui forme une gaine autour des neurones et qui, à l’instar d’une gaine de plastique autour d’un fil électrique, les isole et permet une bonne conduction du message nerveux (cf. infographie). Concrètement, la SEP est une maladie chronique dont l’évolution et les symptômes sont imprévisibles et extrêmement variables d’un individu à l’autre. Ce qui ne facilite ni le travail des médecins ni celui des chercheurs.

Beaucoup de suspects, aucune certitude

« En France, environ 80 000 personnes sont atteintes de SEP, dont deux tiers de femmes, comme pour la plupart des maladies auto-immunes. Dans 80 % des cas, les premiers symptômes se manifestent entre 20 et 40 ans », explique le Dr Sandra Vukusic, neurologue au CHU de Lyon. Géographiquement, on constate un gradient nord-sud : il y a plus de malades dans les pays scandinaves qu’autour du bassin méditerranéen. « Ce gradient se retrouve aussi à l’échelle de la France. De sorte qu’on soupçonne fortement un lien entre niveau d’ensoleillement et risque de SEP sans parvenir à l’expliquer », poursuit le Dr Vukusic. D’autres facteurs de risque sont montrés du doigt : tabac, infections bactériennes ou virales. L’implication du virus d’Epstein Barr dans la survenue d’une SEP a longtemps défrayé la chronique. Mais pour l’instant, rien de très probant à ce sujet.
Par ailleurs, la SEP met en jeu une part de prédisposition génétique. « Chez les vrais jumeaux, lorsque l’un est atteint de SEP, l’autre a un risque de 30 % de l’être un jour aussi », précise le Dr Vukusic, alors que le risque n’est que de 2 à 3 % chez des faux jumeaux (qui ne partagent pas exactement le même patrimoine génétique). Et dans 5 à 10 % des cas, plusieurs membres d’une même famille sont atteints : ce sont des formes dites familiales (voir encadré). « Qu’il soit environnemental, génétique ou viral, aujourd’hui aucun facteur ne permet d’expliquer à lui seul la survenue d’une SEP », indique le Dr Vukusic. De ce côté-là donc, les chercheurs ont encore beaucoup de travail !

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