Article paru dans Tribune Santé n°117 – hiver 2018 /
La danse n’est pas qu’un loisir. Pratiquée en couple ou en groupe, c’est aussi une activité très complète, qui permet de se maintenir en forme physique et de stimuler le cerveau.
Extraits :
La place de l’activité physique dans le « bien vieillir » et la prévention des maladies cardiovasculaires ou du cancer ne se discute plus. Spontanément, on pense au vélo, à la natation ou bien à la marche. Mais pourquoi pas la danse ? De fait, la pratique régulière de la danse produit sur le corps les mêmes effets qu’une activité de type gym ou renforcement musculaire : travail de la musculature profonde et de la proprioception, indispensable pour garantir l’équilibre et la posture, travail de la souplesse et des articulations, très utile contre l’arthrose par exemple, travail musculaire qui renforce le squelette et participe ainsi à la prévention de l’ostéoporose chez les femmes. Par ailleurs, c’est une discipline qui demande de l’endurance, ce qui permet, du coup, un renforcement cardiovasculaire et entretient les capacités respiratoires. Ultime vertu – et non des moindres –, il n’existe pas de contre-indication majeure. Même la maladresse n’en est pas une ! Bref, tango, valse, salsa, danse folklorique ou country, il y en a pour tous les goûts.
« Une régénération des neurones »
Si la danse, à l’instar de toute activité physique, fait du bien à notre corps, ce que l’on soupçonne moins, c’est qu’elle présente aussi de nombreux atouts pour notre cerveau. « Depuis les années 1960, des études scientifiques ont démontré que l’activité physique a également un impact positif sur le cerveau », indique le Pr Jean-Michel Gracies, spécialiste de médecine physique et rééducation au CHU Henri-Mondor, à Créteil. Aucune raison que cela ne soit pas le cas de la danse. Encore fallait-il le prouver… C’est ce qu’a fait une équipe allemande de l’université de Magdeburg. Les chercheurs ont suivi pendant dix-huit mois 26 personnes âgées en moyenne de 68 ans et pratiquant régulièrement la danse ou la gym. Ils se sont intéressés plus particulièrement à leur hippocampe, une zone du cerveau impliquée notamment dans la mémoire et la navigation spatiale, et dont on sait que chez les seniors, elle diminue de taille progressivement avec l’âge. C’est aussi dans cette structure que la dégénérescence des neurones débute dans la maladie d’Alzheimer. D’après leurs travaux, la pratique régulière de la danse est associée à une augmentation du volume de l’hippocampe plus importante qu’avec la pratique du fitness ! « C’est une étude très intéressante qui prouve que la danse peut être associée à une régénération des neurones », souligne le Pr Gracies. Pour les chercheurs allemands, la danse constitue une piste très prometteuse pour lutter contre le déclin physique et cognitif lié à l’âge, plus encore que la gymnastique.
« Une émulation sociale »
Quant à expliquer la supériorité de cette discipline sur bien d’autres activités, cela tiendrait, selon le Pr Gracies, à ses atouts particuliers. « Lorsque la danse se pratique en groupe, il existe une émulation sociale ; on s’observe les uns les autres, ce qui est un facteur de stimulation cérébrale. Les danses de salon impliquent en général un partenaire du sexe opposé, cela ajoute un stimulus sexuel qui éveille le cerveau de façon différente. Enfin, il ne faut pas négliger les effets de la musique, qui apporte une certaine forme de bien-être impliquant lez zones cérébrales du plaisir et de la récompense. Une combinaison explosive pour le cortex ! » De fait, la pratique régulière de la danse favorise le lien social, dont on sait que cela participe activement au « bien vieillir ».
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