Jeûner contre le cancer

Article paru dans Recherche & Santé n°154 – La revue de la Fondation pour la Recherche Médicale – printemps 2018 /

 

 

La pratique du jeûne connaît une médiatisation importante dans notre pays, avec de plus en plus de pratiquants. Certains n’hésitent pas à en vanter les bienfaits pour la prévention et même le traitement de certaines maladies dont le cancer. Des allégations sur lesquelles le Réseau National Alimentation Cancer Recherche (NACRe) a récemment fait le point, avec le soutien de l’Institut National du Cancer. Reprenant tous les travaux scientifiques sur ce thème, le rapport du réseau NACRe souligne qu’aucune étude ne permet de conclure à l’intérêt de ces régimes en prévention des cancers ou en cours de traitements. Au contraire même, le jeûne pourrait avoir des effets délétères : « la perte de poids et de masse musculaire observée dans les études cliniques suggère un risque d’aggravation de la dénutrition et de la sarcopénie*, deux facteurs pronostiques défavorables reconnus au cours des traitements. » À l’occasion du colloque international sur ce sujet en septembre dernier à l’Institut Gustave Roussy (Villejuif), des chercheurs américains ont cependant évoqué un possible intérêt du régime cétogène : il rendrait les cellules saines plus résistantes aux traitements, chimiothérapie et radiothérapie, et permettrait à ceux-ci de mieux s’attaquer aux cellules cancéreuses. Des études sont en cours pour vérifier cette hypothèse à l’échelle des patients, et pas seulement in vitro ou chez l’animal. Reste qu’il s’agit d’un régime complexe et difficile à suivre, qui ne peut être envisagé qu’avec l’accompagnement d’un spécialiste. Le rapport du réseau NACRe est formel : « En l’état actuel des connaissances il est recommandé de ne pas pratiquer le jeûne ou un régime restrictif au cours de la prise en charge d’un cancer. »

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