Recherche & Santé n°141 – La revue de la Fondation pour la Recherche Médicale – janvier 2015 /
Implanter des électrodes au cœur du cerveau permet de délivrer un courant électrique qui modifie le fonctionnement de groupes précis de neurones. C’est ainsi que l’on traite certains malades de Parkinson mais aussi d’autres pathologies comme les TOC ou les dépressions sévères.
1/ Pour quelles pathologies ?
L’efficacité de la stimulation cérébrale profonde s’est d’abord révélée contre certaines formes de tremblements sévères. C’est d’ailleurs la première indication validée par les autorités sanitaires. Mais aujourd’hui, la plus connue est sans conteste la prise en charge de certains malades de Parkinson. De nombreuses études ont en effet permis de montrer que la stimulation cérébrale profonde réduit nettement les symptômes moteurs les plus sévères de la maladie, notamment l’akinésie (une réduction des mouvements), la rigidité du corps et le tremblement, mais aussi qu’elle évite les effets indésirables liés aux traitements médicamenteux. D’autres pathologies impliquant des zones cérébrales hyperactives peuvent aussi être traitées de la sorte, notamment les dystonies (spasmes musculaires) et les troubles obsessionnels compulsifs (TOC).
2/ Comment se déroule l’implantation ?
À chaque pathologie correspond une cible cérébrale précise où sont implantées les électrodes : dans la maladie de Parkinson ce sont les noyaux subthalamiques ou les globus pallidus. L’intervention chirurgicale est lourde : dans un premier temps, un cadre de stéréotaxie est fixé sur le crâne du patient, il sert de repère extérieur pour situer de façon très précise les cibles dans le cerveau. Puis des perforations à travers l’os du crâne permettent au neurochirurgien d’introduire les électrodes d’environ 1mm de diamètre jusqu’aux cibles. Lors de cette phase, le patient est conscient. Des tests de stimulation électrique sont en effet réalisés pour vérifier le bon placement des électrodes. Une fois celles-ci en place, le cadre de stéréotaxie est enlevé. Et dans un deuxième temps, le stimulateur électrique lui-même est implanté, au niveau du thorax, sous anesthésie générale cette fois.
En France, environ 400 malades de Parkinson sont implantés chaque année.
3/ Comment ça marche ?
Lorsqu’on stimule électriquement un nerf ou un groupe de neurones, cela l’excite. Ainsi un pacemaker cardiaque aide le cœur à se contracter régulièrement grâce à des stimulations électriques répétées. Mais quand cette stimulation est effectuée à haute fréquence, c’est-à-dire au delà de 100 Hz (plus de 100 impulsions électriques par seconde), alors le résultat global est inverse : cela inhibe les neurones. C’est sur ce principe d’inhibition par un courant haute fréquence que repose en général la stimulation cérébrale profonde. Elle peut être envisagée pour toute maladie où une zone cérébrale est identifiée comme hyperactive ou ayant une activité dérèglée. Cependant, on ne sait toujours pas expliquer aujourd’hui comment cette inhibition est produite au niveau des neurones. Plusieurs hypothèses sont évoquées, aucune n’a pour l’instant tiré son épingle du jeu.
Voir aussi Un pacemaker pour le cerveau, article paru en 2004 dans La Recherche.