Manger sans culpabilité

Article paru dans « Dr Good c’est bon » n°30 juin 2024 /

Face aux injections permanentes à manger sainement et surveiller son poids, se sentir coupable de nos choix alimentaires n’est pas rare. D’où vient ce sentiment et comment ne pas en souffrir ?

« Je n’aurais pas dû prendre un dessert alors que je n’avais plus faim », « si je n’arrête pas le sucre, je n’arriverais jamais à perdre du poids », « avec tout ce que j’ai mangé, je suis obligé de faire du sport » … Qui n’a jamais entendu cette petite voix intérieure après un repas ? Ressenti cet étrange sentiment de culpabilité ? « Aujourd’hui on est dans une époque de food shaming. On a l’impression de devoir justifier ou au contraire s’excuser de tous nos choix alimentaires », estime Karen Demange, psychologue clinicienne spécialiste dans l’accompagnement des troubles du comportement alimentaire. Certes nous disposons désormais de beaucoup d’informations quant aux aliments : liste des ingrédients, valeurs nutritionnelles, origine, mode de production… Et tant mieux ! Mais nous sommes aussi noyés sous les injonctions quant à notre santé, la silhouette idéale ou la protection de l’environnement. Dans ce contexte, pas toujours simple de conserver un rapport serein avec notre assiette ! Comprendre pourquoi il nous arrive de culpabiliser et apprendre à ne pas se laisser déborder par cette émotion, c’est essentiel.

Pourquoi culpabilise-t-on parfois après avoir mangé ?

La culpabilité survient quand on estime avoir commis une faute, quand un choix n’est pas en adéquation avec nos valeurs. « On parle de dissonance cognitive quand il existe un écart entre un comportement et les croyances que nous avons à son propos, explique Clémence Monier, psychologue clinicienne et psychothérapeute spécialiste dans l’accompagnement des troubles du comportement alimentaire. C’est par exemple manger quelque chose de sucré alors qu’on pense que le sucre fait grossir et que l’on veut perdre du poids. Si cette dissonance cognitive est trop importante, cela peut engendrer de la culpabilité. » Nos croyances quant à l’alimentation dépendent de beaucoup de facteurs : l’éducation, le milieu culturel, la religion, les sources d’information, etc. Pourtant, « aucun aliment n’est en lui-même bon ou mauvais. Tout dépend de la quantité et de la fréquence à laquelle nous le consommons, et aussi de notre état de santé », insiste le Dr Hugo Saoudi, médecin psychiatre, spécialiste des troubles du comportement alimentaire à la Fondation Santé des Étudiants de France. Il ne faut perdre de vue que manger est un besoin vital, comme respirer ou dormir. »

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