Oublis et trous de mémoire : faut-il s’inquiéter ?

Santé Magazine n°465 – septembre 2014

Tout au long de la vie, notre mémoire est mise à rude épreuve. Entre les petites difficultés du quotidien et des problèmes plus importants qui peuvent signaler le début d’une maladie, il n’est pas toujours évident de faire le tri.

À 15 ans, lorsqu’on oublie son sac de sport, on n’en fait pas toute une histoire. À 40 ans, si on ne se souvient plus où sont les clefs de voiture, on s’inquiète. Pourtant, aucune différence entre ces deux situations. « Les troubles de la mémoire surviennent à tout âge. Dans l’immense majorité des cas, ils sont bénins et reflètent simplement la fatigue, le stress ou de banals problèmes de concentration », nous rassure le Dr Jean-Pierre Danjean, médecin généraliste, et auteur d’un récent ouvrage* sur le sujet.

« Le plus souvent, ces oublis sont liés à un déficit d’attention, soit au moment même de retenir une information, soit plus tard, lorsqu’il s’agit de la restituer pour pouvoir l’utiliser », explique le Pr Florence Pasquier, neurologue et responsable du Centre Mémoire Ressources et Recherche du CHU de Lille. À la manière d’un ordinateur en surchauffe, notre mémoire peut nous faire défaut « lorsqu’on est soumis à trop de stimuli extérieurs, ou que les soucis monopolisent nos pensées ». Les émotions jouent aussi un rôle important. Le Dr Danjean explique : « une émotion forte permet de consolider un souvenir : impossible d’oublier par exemple cette fête surprise il y a 20 ans ! Mais à l’inverse, un contexte émotif important peut compliquer la restitution d’une information pourtant bien mémorisée, comme par exemple lorsqu’on s’exprime en public. »

À l’âge adulte, il arrive que des troubles de la mémoire révèlent un problème de santé sous-jacents, sans que le cerveau lui-même soit en cause. Il peut s’agir par exemple d’un dérèglement de la thyroïde, d’une ménopause très symptomatique (accompagnée par exemple de bouffées de chaleur importante et de troubles de l’humeur), ou plus simplement de pathologies qui troublent le sommeil comme l’apnée obstructive ou le syndrome des jambes sans repos. Il ne faut pas non plus négliger l’effet de certains médicaments comme les benzodiazépines, ou encore des problèmes d’audition. Dans tous ces cas, la mémoire n’est qu’une victime collatérale et si on veut l’améliorer, il faut traiter le problème à sa source.

Si oublier n’est pas l’apanage de la vieillesse, certaines modifications apparaissent avec l’âge : « plus on vieillit et moins on apprend vite. Notre attention est aussi plus facilement perturbée », résume le Pr Pasquier. En d’autres mots « un enfant de 10 ans et un adulte de 50 ans n’ont pas besoin du même temps pour mémoriser un poème. Mais si tous les deux l’apprennent correctement, il n’y a aucune raison qu’ils ne s’en rappellent pas aussi bien l’un et l’autre quelques jours plus tard », insiste le Dr Danjean.

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