Pur-sang : la mère de tous les champions

Sciences & Avenir – mars 2012

Des chercheurs britanniques ont identifié un gène de la vitesse chez les pur-sang, hérité d’une jument de la fin du XIXe siècle.
Pourquoi les pur-sang trustent-ils les lignes de départ sur les hippodromes ? C’est que, depuis plus de 300 ans, cette race est spécifiquement sélectionnée pour ses prouesses en course. Une sélection empirique en fonction des résultats en course, mais une sélection dont on vient de découvrir qu’elle avait une assise génétique ! Un « gène de la vitesse » semble en effet en partie responsable des hautes performances de ces chevaux.

Ce gène, celui de la myostatine, est impliqué dans la croissance et la différenciation des cellules musculaires. En 2010, on a découvert qu’il en existe deux variantes : la version T est associée à l’endurance, alors que la version C est plutôt synonyme de vitesse pure et de développement précoce de la masse musculaire. C’est la seconde qui est l’apanage des grands champions actuels : de très jeunes sprinters.

Pour comprendre son origine et la manière dont elle s’est propagée, des archéogénéticiens britanniques ont analysé les génomes de plusieurs centaines de chevaux : des pur-sang actuels mais aussi les pères fondateurs de la race et des chevaux d’autres races. Contre toute attente, ils ont découvert que le « gène de la vitesse » (la variante C) n’existait pas chez les étalons à l’origine de cette race, au XVIIIe siècle. Il ne se serait propagé qu’à partir de la seconde moitié du XIXe siècle. Précisemment parce qu’à ce moment-là la distance des courses de chevaux a progressivement été ramenée à moins de 2 000m, alors qu’elle était plutôt de 3 000 à 6 000 m auparavant. Les chevaux rapides et plus jeunes ont alors été préférés aux chevaux endurants.

Plus surprenant, les chercheurs estiment que la variante C ne serait pas apparue avec un étalon mais avecune jument ! Or de tout temps, ce sont majoritairement les étalons qui sont sélectionnés et non les juments…
Encore plus surprenant, la race dans laquelle la proportion de gènes de type C est aujourd’hui la plus importante est… le shetland, un poney robuste et de petite taille très apprécié des enfants. « C’est une race locale apparentée aux chevaux de course qui existaient bien avant que le pur-sang soit créé » expliquent les chercheurs.

Émilie Gillet

Eclipse, ancêtre commun de tous les champions
La race pur-sang est née en Angleterre au XVIIIe siècle de la passion de quelques aristocrates pour les courses : trois étalons originaires du Moyen-Orient ont été importés puis croisés avec des juments locales. Depuis, tous les croisements ont été minutieusement inscrits dans un registre appelé stud-book. On sait ainsi qu’entre 80 et 95 % des pur-sang actuels descendent d’un seul étalon, nommé Eclipse et né en 1764. Dix huit victoires en dix huit courses ont forgé la légende de ce cheval dont le squelette est conservé au Jockey Club Museum à Newmarket.

 

pursang

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