Article paru dans un hors-série de 60 millions de consommateurs en mars 2021 – n°208 /
Le rôle joué par la nutrition comme facteur de protection ou de risque de certaines pathologies est de mieux en mieux compris. Depuis vingt ans, la mise en place d’une politique nutritionnelle est ainsi devenue une priorité de santé publique. Elle peine cependant à modifier les comportements alimentaires des Français.
Huit Français sur dix sont attentifs à la préservation de leur santé au quotidien (sondage Odoxa, 2019). Pour une proportion similaire, cela passe notamment par manger plus de fruits et légumes, moins de sel et de sucre. Preuve s’il en est que l’alimentation est considérée par l’opinion publique comme un levier essentiel de la prévention santé. Mais si ces messages sont bien entendus, ils sont peu mis en œuvre : d’après l’étude Esteban menée par Santé publique France, en 2015 seuls 42 % des adultes et 23 % des enfants consommaient au moins cinq fruits et légumes par jour. La pandémie actuelle et les confinements successifs ont accentué cette situation paradoxale. Certes, le site de recommandations officielles mangerbouger.fr a connu une hausse de fréquentation de 60 % entre le printemps 2019 et celui de 2020. Mais en même temps, le premier confinement a conduit certains vers une alimentation moins équilibrée qu’avant, plus de grignotage et une prise de poids… C’est qu’en matière de choix alimentaire, la santé est loin d’être le seul critère !
Une diététique profane
« Dans toutes les cultures et à toutes les époques, il existe une diététique profane qui établit de façon empirique des liens entre santé et alimentation », raconte le Pr Jean-Pierre Poulain, sociologue et anthropologue à l’Université de Toulouse, co-directeur du laboratoire international associé du CNRS ”Alimentation, cultures et santé“. On trouve ainsi trois grandes caractéristiques associées à l’alimentation dans l’histoire de l’humanité : « le rapport à la santé, le rapport à la mort animale puisqu’il faut tuer pour se nourrir et enfin le rapport à la communauté et au vivre ensemble, car se nourrir fait société », précise Jean-Pierre Poulain.
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