Dossier paru dans Sciences & Avenir n°878 – avril 2020 /
Ne plus comprendre ce que l’on entend est le premier signe d’un trouble de l’audition. Et cela peut avoir des répercussions sur la vie sociale et les fonctions cognitives du cerveau. Se protéger des nuisances sonores, et s’équiper lorsque c’est nécessaire est donc essentiel.
« Une très large partie de la population française a déjà fait l’expérience d’une gène auditive, même occasionnelle », déclarait en 2018 les experts de la Journée Nationale de l’Audition (JNA). Ainsi, « 82% des personnes interrogées (à l’occasion de la JNA 2018, ndlr) déclarent avoir déjà eu des difficultés à comprendre des conversations lorsqu’il y a du bruit. » Or, si les troubles de la compréhension de la parole constituent une des premières indications pour réaliser un bilan auditif chez un médecin ORL, seulement un tiers des Français a déjà effectué cette démarche. C’est largement insuffisant. Les troubles de l’audition peuvent en effet avoir de nombreuses répercussions : en perturbant les relations avec autrui, ils peuvent conduire à un isolement social voire à des troubles anxio-dépressifs, en privant le cerveau d’informations sonores, ils affectent le fonctionnement de la mémoire et de la cognition.
Ne pas négliger la presbyacousie
De nombreux facteurs peuvent affecter l’audition (voir infographie), mais il existe aussi un phénomène normal de vieillissement de l’appareil auditif, appelé presbyacousie. Elle apparaît en général à partir de 50-60 ans et résulte de la dégénération progressive des cellules ciliées de la cochlée, qui transforment les vibrations sonores en informations nerveuses pour le cerveau. Au début, l’atteinte est insidieuse et concerne les fréquences les plus aigues. Les deux oreilles sont touchées de façon symétrique. La personne atteinte, ou plus souvent son entourage, constate des difficultés de compréhension de la parole dans des ambiances bruyantes. Dès les premiers troubles, un bilan complet chez un médecin ORL permet de faire le point sur les causes et les moyens à mettre à en œuvre. Car plus on agit tôt, et plus on peut retarder l’évolution du phénomène et surtout se protéger des conséquences sociales et cognitives de la perte d’audition.
L’importance du bilan auditif
Lors d’un bilan ORL, le médecin procède à un examen complet de l’oreille pour déceler d’éventuels traumatismes mécaniques par exemple. L’audiogramme, ou audiométrie tonale, est l’examen de référence pour l’audition : il permet de mesurer sur plusieurs plages de fréquences fréquences la perte de sensibilité auditive. Elle est considérée comme légère lorsque l’oreille perd 20 à 40 dB de sensibilité, moyenne de 40 à 70 dB de perte et sévère au-delà de 70 dB (on parle de surdité profonde lorsque elle est supérieure à 90 dB). Un audioscan peut éventuellement fournir des données plus précises, et les comparer avec des audiogrammes de référence par classe d’âge. L’impédancemétrie permet quant à elle de mesurer la résistance mécanique du tympan et de la chaine formée par les osselets. Cela peut être complété par un test de potentiels évoqués auditifs (PEA) qui se focalise sur le nerf auditif, en mesurant la conduction de l’influx nerveux depuis l’oreille jusqu’au système nerveux central à partir d’une stimulation extérieure. Si un neurinome (tumeur bénigne du nerf auditif) est suspecté, un IRM est nécessaire pour en connaître la localisation précise et les répercussions sur les structures voisines.
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