Protéger le cœur des femmes

Article paru dans “Ça M’Intéresse Santé” – 3ème trim 2019 /

Les maladies cardiovasculaires sont la première cause de mortalité des femmes en France. Pourtant, elles restent moins informées, moins dépistées et moins bien soignées que les hommes…

Un tiers des décès de femmes en France est dû aux maladies cardiovasculaires (infarctus, accident cardiovasculaire, embolie, insuffisance cardique…) : elles tuent 7 à 8 fois plus que le cancer du sein. Une situation alarmante, d’autant plus qu’elle concerne des femmes de plus en plus jeunes. Aujourd’hui 11 % des victimes d’un infarctus du myocarde ont moins de 50 ans, alors qu’elles n’étaient que 4 % en 1995. « On pense à tort que les femmes sont plus protégées que les hommes face aux risques cardiovasculaires, c’est faux ! », rappelle la Pr Claire Mounier-Vehier, cardiologue au CHRU de Lille et présidente de la Fédération française de cardiologie.

Des facteurs de risque qui pèsent plus lourd que chez les hommes

Depuis trente ans, les femmes ont adopté les mêmes mauvaises habitudes que les hommes, tabac, alcool, alimentation déséquilibrée, sédentarité, stress… or elles y sont beaucoup plus sensibles ! Ainsi le diabète multiplie le risque cardiovasculaire par 3 à 7 chez la femme, contre 2 à 3 chez l’homme. L’hypertension artérielle est la cause de 29 % des infarctus du myocarde féminins, contre 15 % chez l’homme. 

Des périodes critiques

Les femmes sont naturellement protégées par leurs œstrogènes : ces hormones luttent notamment contre la formation de thrombose (formation de caillot sanguin) et l’épaississement des artères. Mais dès que le taux d’œstrogènes dans le sang diminue, le risque cardiovasculaire s’amplifie ! C’est le cas au moment des règles, avec une contraception hormonale, durant la grossesse et surtout au moment de la ménopause. « Il y a 3 périodes critiques durant la vie des femmes – première pilule, grossesse et ménopause -, durant lesquelles elles devraient être particulièrement surveillées », insiste la cardiologue. Sans compter le cocktail explosif contraception + cigarettes : après 35 ans, l’association d’un œstrogène de synthèse (pilule, patch, anneau vaginal…) avec le tabac multiplie par 30 le risque d’infarctus !


Un retard de prise en charge

Deux tiers des femmes qui décèdent d’un infarctus du myocarde n’ont pas eu de signaux d’alarme classiques. Chez l’homme, une douleur dans le thorax qui irradie dans le bras gauche ne fait aucun doute ! Mais chez la femme, elle est moins fréquente, en général remplacée par un essoufflement, des palpitations, une douleur à l’épaule et/ou des troubles digestifs qui sont plus souvent mis sur le compte de la fatigue ou du stress… Conséquences : un retard voire un défaut de prise en charge qui diminue grandement les chances de survie des femmes ! Et même lorsque l’accident cardiovasculaire est diagnostiqué, les études montrent que les femmes reçoivent moins souvent de traitements médicaux et de conseils d’hygiène de vie que les hommes. Elles récupèrent donc moins bien.

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