Dossier paru dans le Journal de l’Institut Curie n°130 en mai 2022 /
Depuis longtemps, l’activité physique et la nutrition sont des armes de premiers choix en prévention primaire, pour diminuer les risques de survenue des cancers. Désormais, elles ont aussi gagné leur place aux côtés des traitements classiques, pour les malades pendant ou après leurs traitements. Depuis plus de 10 ans, elles sont en effet reconnues comme des thérapeutiques non médicamenteuses et font partie des parcours de soins.
« Nutrition et activité physique sont deux déterminants majeurs d’amélioration de l’état de santé de la population et des enjeux essentiels des politiques de santé publique », déclare l’agence Santé publique France. Autrement dit, manger équilibré et varié, et pratiquer régulièrement une activité physique diminuent le risque de maladies et le taux de mortalité toutes causes confondues. Et ce qui est valable pour les pathologies cardiovasculaires et métaboliques notamment l’est aussi pour les cancers. D’après l’Institut national du cancer (INCa), changer nos comportements en termes d’activité physique et de nutrition permettrait de diminuer de 16 à 20% le risque de cancer. Plus précisément, en 2018 un rapport du Centre International de Recherche sur le Cancer (CIRC, Lyon) a estimé qu’en France, près de 3 000 cas sur les 346 000 nouveaux cas de cancers de l’année 2015 étaient attribuables au manque d’activité physique. Quant à l’alimentation déséquilibrée, elle serait à l’origine de plus de 18 000 nouveaux cas de cancer par an, et 18 600 autres cas de cancers seraient imputables au surpoids d’après l’INCa et le CIRC. Mais nutrition et activité physique ne sont pas seulement de puissants leviers de prévention primaire, elles sont aussi de très précieuses alliées pour les malades du cancer pendant et après leurs traitements, pour améliorer leur qualité de vie et diminuer le risque de récidive.
Des recommandations universelles
L’activité physique ne se réduit pas à la pratique d’un sport. Cela englobe tous les mouvements que nous faisons pour nous déplacer, travailler et dans notre vie domestique qui conduisent à une dépense énergétique. Autre critère à prendre en compte : la sédentarité, qui est différente de l’inactivité physique et correspond au temps passé assis ou allongé en dehors du sommeil et des repas. Pour toute personne de plus de 18 ans, hommes et femmes, en bonne santé ou atteint d’une pathologie, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) recommandent de pratiquer au moins 30 minutes d’activité physique d’intensité modérée cinq jours par semaine (marche, vélo, nage, jardinage, ménage…) complétées par deux séances hebdomadaires de renforcement musculaire, et de lutter contre la sédentarité en limitant le plus possible le temps passé assis, ou à défaut en marchant un peu toutes les deux heures. « D’après le Fonds mondial de recherche contre le cancer qui régulièrement compile les études sur ces sujets, pratiquer régulièrement une activité physique et lutter contre la sédentarité réduisent de façon significative le risque de cancers du sein, de l’endomètre et du côlon, avec un fort niveau de preuve scientifique. Pour les autres cancers, cela a aussi un impact même si les preuves sont moins fortes », résume Raphaëlle Ancellin, cheffe de projets Prévention à l’INCa.
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